• AVEC LE PRINTEMPS, LES FLEURS ÉCLOSENT

    AVEC LE PRINTEMPS, LES FLEURS ÉCLOSENT

    – Une fois de plus, la lune ne mentit pas. Depuis des temps immémoriaux, elle essaie d’expliquer à ceux qui veulent faire l’effort de la comprendre, comment et pourquoi les affaires de la vieille Terre sont régies par son pouvoir. Après tout, ce n’est que le juste retour des choses ; puisque l’on nous dit que notre satellite n’était en fait qu’un morceau du nôtre, et qu’à la place qu’il occupe, il est quand même aux premières loges pour voir et deviner, et anticiper la marche dans l’espace de la planète bleue.

    Nous sommes dans la phase pleine de la lune, celle que les animaux redoutent, ne se privant pas pour lui faire savoir qu’elle les dérange, tendant en eux leurs fibres nerveuses à la manière des cordes des arcs. Mais c’est aussi l’époque des naissances, du moins, la légende l’affirme-t-elle ; et que mon amie ne dément pas, tandis qu’elle m’annonce que cette nuit, il y a affluence à la maternité. Tous les éléments s’associent pour qu’en ce jour de printemps des cœurs se remplissent de joie après que les heureux événements se soient produits. Pensez donc, un avènement, dans la vie de l’un et de l’autre des premiers concernés, ce n’est pas rien ! Et que dire alors, quand ce sont des triplés, qui, respectueux d’anciens principes, se font des politesses pour savoir qui se présenterait le premier ? Mais ils ne furent pas les seuls. Pour madame la lune, le compte n’y était pas. Elle partit donc à la recherche de nouvelles fleurs pressées d’éclore.

    Bien que n’affichant pas de joie exubérante, ma nature n’y étant pas accoutumée, je ne puis empêcher les émotions de serrer mon pauvre cœur, à l’instant où la vie tend la main à ces chers enfants, tandis que cette main n’est autre que le prolongement du bras d’une charmante sage-femme. Je devine qu’elle murmure au nouvel arrivant après l’avoir dignement salué, tout ce qu’il représente à ses yeux. D’abord, un profond respect pour le petit être qu’il est en cette nuit, mais aussi pour la personne qu’il sera un jour. Prêtant l’oreille, je l’entends dire encore ces quelques mots :

    – Ne sois pas surpris par la taille de tout ce qui t’entoure. Les choses sont à l’image du premier jour d’un an qui met l’existence à ton service. Je sais, tu te rendras vite compte que tu n’auras pas assez d’une vie pour explorer le temps offert à ta disposition. Mai, mon bel enfant, je tiens à te rassurer. Le monde n’est pas aussi grand que d’aucuns le prétendent. Tous les hommes ont eu ta modeste taille, cependant, ce monde, ils ont réussi à le conquérir. Blasés, après en avoir fait mille fois le tour, maintenant c’est vers les étoiles qu’ils regardent. Toutefois, ceux d’aujourd’hui imaginent avoir tout découvert, alors que tu trouveras en ton pays encore d’innombrables zones d’ombre, et autant de personnages qui t’apporteront les enseignements indispensables à ton équilibre et la façon de te reconnaître et te démarquer des autres.

    Ce jour mémorable que tu fêteras chaque printemps n’est que la première pierre des fondations de ton existence. Sur celles-ci, tu bâtiras une maison pour abriter les tiens, mais aussi pour permettre à ceux qui passeront dans ton histoire d’y apprécier un peu de repos. Il est si réconfortant de voir sur notre route, qui se révèle parfois être la même que le chemin de croix de ces jours derniers, un toit où y déposer un instant le fardeau qui pèse sur tes épaules.

    Au fil des jours, tu apprendras des mots nouveaux, tel celui de grandeur, auquel tu auras soin de n’accorder que celle qu’il mérite réellement. La véritable, tu la trouveras dans les lieux les plus secrets des êtres humains ; ils sont leur cœur et leur âme. Ici, bas, il ne sera pas utile de t’expliquer que nous rencontrons toujours quelqu’un de plus haut que nous ; cependant, certains d’entre eux auront recours à ta modestie pour avancer sur leur propre chemin. Si un jour tu venais à douter de toi, regarde dans les yeux de tes amis pour apprendre qui tu es vraiment, car ils sont le miroir de la vie. Sache également qu’il te faudra dompter ta fougueuse impatience. Tu auras soin d’imiter le bourgeon qui a la sagesse d’attendre la caresse d’un rayon pour libérer la fleur. Concernant l’orgueil, évite de l’accrocher aux rebords de tes sourires. Laisse-le à ceux qui imaginent qu’ils sont les seuls à illuminer le monde. Ils ignorent que lorsqu’ils sont absents la planète continue de tourner, ainsi que le soleil, de l’éclairer. Quant à tes émotions, tu devras les maîtriser. Nul ne doit savoir les cartes que tu caches dans le creux de la main. Je dois aussi te dire que si tu dois choisir entre plusieurs écoles, va vers celle qui dispense les choses de la vie. Elle ne te décevra jamais. Il est un mot que tu devras utiliser sans modération : amour, car c’est à travers lui que tu trouveras la plénitude dont tous rêvent que peu atteignent.

    En ce beau jour, cher enfant, bien que petit par la taille, tu n’en demeures pas moins un personnage immense, car au plus profond de toi, ne manque aucun élément qui fera du savoir la nourriture de ton esprit. Je la soupçonne déjà de piétiner sur le seuil de ta mémoire. Mais pour l’heure, donne du temps à l’arbre qui fournira le bois de ta charpente, puisque de toute évidence, on ne pose pas le toit avant de construire les murs qui le soutiendront.

    Bienvenue à vous, les nouveau-nés du printemps ; le monde fou d’aujourd’hui compte sur votre sagesse pour lui rendre ses lettres de noblesse.

    Amazone. Solitude. Copyright 00061340-4

     


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