-
CE TEMPS QUE NOUS IGNORONS
– Il ne vous a pas échappé que j’aime à me trouver chaque matin au point précis où l’aurore dessine dans l’ombre ses premières nuances. En mon esprit, c’est comme si la vie triomphait de la nuit sans que l’une ou l’autre n’ait à se livrer un combat singulier. Certes, le passage des ténèbres à la lumière ne se fait pas sans douleur. Pour le vérifier, il n’est qu’à observer le jeu que s’échangent les deux entités. On penserait qu’elles ne font qu’interpréter un rôle depuis longtemps appris. L’une avance sa clarté, tandis que l’adversaire fait mine de résister. La réponse ne tarde jamais à s’exprimer. L’aube insiste et appelle à la rescousse le soleil qui sort de la léthargie dans laquelle il s’était emmitouflé pour la nuit. Un à un, il déploie ses rayons qui finissent par découper les lambeaux des ténèbres qui rechignaient à libérer l’espace.
Mais le ciel de l’oubli n’a pas dit son dernier mot. Tel le souffle d’un géant, une brume s’installe sur le monde, l’emprisonnant, cherchant même à l’étouffer sous un voile épais. L’aurore connaît bien ce genre de diversion. Elle demande au soleil de se faire plus brûlant et réclame à son ami alizé, une première brise qui a pour mission de s’engouffrer dans les layons que tracent les lances de l’astre. Le brouillard se trouve soudain désolidarisé. Le tissu fin se déchire, s’écorche dans les ramures. Le jour triomphe ; il entre par la grande porte et retrouve le monde qu’il avait abandonné la veille alors que les plaisirs n’avaient pas tous été consommés. La fête peut commencer. Elle eut lieu, en effet, distribuant ses couleurs et ses senteurs comme autant de récompenses.
Cependant, depuis toujours les sages m’avaient fait comprendre que tout ce qui débute a forcément une fin. Me laissant entraîner par les joyeux tourbillons du jour, je ne vis pas le temps passer, et c’est seulement quand la lumière se fit plus discrète que je sus ce que voulaient me dire les anciens. Avec quelque inquiétude, je dirigeais mon regard vers le ciel qui s’assombrissait. Je devine que dans quelques instants, il en sera fini du jour, telle la fête foraine qui éteint ses lampions et abaisse les rideaux des stands où chacun, à tour de rôle, vint s’essayer à des jeux d’adresse. Au long des heures pendant lesquelles la clarté resplendit, elles générèrent des sentiments et des joies qui sans nul doute vont se réfugier dans les foyers les plus chanceux. Toutefois, ne croyez pas que le soleil nous tourne le dos, parce que soudainement il serait devenu indifférent. Au contraire ; au lieu de s’assoupir, il semble vouloir nous faire découvrir son ultime message. Il ne s’attarde jamais innocemment sur le monde qu’il a illuminé, avant de disparaître par delà l’horizon, en direction de nouveaux continents à réveiller de leur béatitude. Pour confirmer mes dires, regardez comme il aime imprégner chaque chose de sa chaleur, qui à cet instant ressemble à un profond attachement. À sa façon, il enserre les éléments naturels comme les amis le font lorsque l’heure de se quitter sonne à la pendule de leur cœur. On penserait qu’il caresse une dernière fois ce qu’il a éclairé durant son règne, sans doute pour rassurer la Terre de sa reconnaissance sincère. Il nous indique que si le jour ferme les yeux, ce n’est pas pour autant que les espoirs nouvellement nés, disparaissent avec lui. Il leur permet simplement de se réfugier en chaque chose qui vit, lui murmurant qu’il la fera revivre dès le retour de ses prochains rayons.
Patiemment, il attend que l’océan se calme lui aussi. Il profitera de l’étale pour se poser sur sa surface et ce faisant, aucune ride ne viendra dire à l’astre luisant que durant le jour, il vieillit bien un peu. Dans le même temps, il demande au vent de se tenir loin du continent, en un lieu où il devra faire provision d’un nouveau souffle, car demain, il aura besoin de toute son énergie. Aux feuilles vertes, il recommande d’expirer, leur moment de liberté est arrivé. Plus aucun oiseau ne fend l’espace d’un trait rapide. Chacun a regagné son nid dès l’ultime insecte gobé, afin de faire connaître au dernier né, le goût de la vie au crépuscule.
Se retirant du monde, le soleil semble tracer la route aux âmes qui parcourent la nuit à la recherche de nouvelles que l’existence a abandonnée, pour les conduire sur le chemin de l’éternel. Ainsi s’écoule le temps, indifférent aux choses qui nous tiennent à cœur et qui nous émerveillent. Il est à la fois le chef d’orchestre et le maître de ballet. Quand je pense qu’il nous accompagne notre vie durant, et que trop souvent, nous ignorons ses caresses lorsqu’il passe, nous effleurant discrètement, en disant :
– Alors, tu ne crois toujours pas que le temps est ton meilleur allié ?
Amazone. Solitude. Copyright 00061340-1
-
Commentaires
BONJOUR RENÉ !
Je viens de voir ton passage chez Nicole !
Comment vas-tu ?
En passant sur ton blog, je voyais les articles défiler comme si la machine c'était emballée !
Aurais-tu été malade ? Où un malheur ?
Si tu désir passer sur mon blog, il n'y a pas de problème ! Si tu ne veux pas t'étendre sur tes ennuis tu ne dis rien !
Salut Mon Ami René !
RÉMY !
Ajouter un commentaire
Bonjour René ..Un grand merci pour ton passage sur mon blog ..Mais je crois comprendre que vous avez tous deux été fatigués .. J'espere que petit a petit tout rentre dans l'ordre plus ou moins ..Merci encore cher ami pour ta visite que me réjouit a chaque fois .......Je n'aime pas tellement ce temps qui passe trop vite et qui nous nargue ..Si nous ne faisons pas attention il génère trop souvent une préoccupation du passé ( que nous ne pouvons plus changer ) et du future ( qui n'est pas encore la ) Ce qui provoque une indisponibilité a honorer et accueillir pleinement l'instant présent .Je crois que la compulsion naît du fait que le passé nous confère une identité et que le future comporte une promesse de salut , de satisfaction sous une forme ou une autre ...Lorsque nous nous souvenons du passe , nous ravivons une mémoire .. Quand au future , c'est un projet imaginé , rien n'est encore réaliser ..Donc la seule chose qui compte vraiment c'est l'instant présent qu'il faut vivre le mieux possible a chaque seconde ..
C'est ce que je m'efforce de faire le plus possible depuis le grand bouleversement dans ma vie .Les souvenirs restent et je les regarde avec le sourire ..La minute suivante est merveilleuse Comme les magnifiques couché du soleil sur l’océan quelque fois ..
Je vous souhaite un très bon Week-end ..
Avec toute mon amitié , je vous embrasse .tous les deux ...
Nicole ..