• ENTRE MA BONNE ÉTOILE ET LA TERRE, LA TOILE

    — Vous aurez raison de juger ce billet un peu bizarre ! Et encore, quand j’écris bizarre, sans doute se trouvera-t-il quelqu’un pour dire « très bizarre ». Ordinairement, il y a le ciel, la terre, que la foudre parfois unit l’espace d’un éclair, et aucun autre élément ne s’intercale entre eux.

    Cela, c’est ce que nous pensons alors que tout semble aller pour le mieux.

    Mais voilà ; chez nous, rien ne se passe comme partout ailleurs. C’est sans doute aussi pour cela que nous sommes ici, me direz-vous, pour vivre des émotions fortes, que le temps ne se lasse jamais d’inventer en secret, durant les longues nuits équatoriennes. Il y a quelques jours, je vantais les mérites d’un rayon de soleil. Et bien mal m’en prit, puisqu’avant la fin de la journée, les averses avaient refait leur apparition. La pluie, vous me direz que vous connaissez ; même si de l’avis général, sur le vieux continent elle se fait rare. Ce n’est pas le cas chez nous !

    Nous pourrions remplir chaque jour des tankers et les envoyer livrer leurs cargaisons en des lieux où le précieux liquide néglige d’abreuver la terre de plus en plus exsangue. Sans doute que les profits générés ne seraient pas suffisants, que personne n’a mis en place des lignes dont les navires transporteraient la vie !

    Imaginez plutôt ; dans notre petit coin de forêt dont on prétend qu’il est la gouttière du ciel, les années moyennes il tombe la bagatelle de cinq mètres d’eau !

    Et quand il pleut vraiment, me demanderez-vous ?

    Nous avons déjà dépassé les six mètres !

    Vous le voyez, nous avons de quoi arroser des zones entières et même y créer des lacs qui seraient à leur tour, générateurs de microclimats. Cela aurait pour effet de ralentir les incendies en périodes de longues sécheresses.

    Bref, mon propos n’était pas de vous parler de politique économique, mais des aléas que notre météo entraîne depuis des mois.  

    Cependant, plus au nord de notre région, on lance des fusées. La belle Ariane ne suffisait pas, la solide Soyouz s’est installée et depuis peu, l’élégante Véga italienne s’est jointe à la fête. Autant dire que le fleuron de la technologie s’est donné rendez-vous sur notre sol. Mais la société des hommes est faite de cette façon, que depuis toujours elle a su diviser pour régner. Ce dont manque la majorité des gens, eux, les techniciens du port spatial l’ont en abondance. À nous la galère et les rames pour remplacer les voiles.

    Ainsi, ne disposons-nous que de quelques faisceaux d’un satellite si lointain que le premier nuage bourgeonnant est suffisant pour vous priver de télévision.  

    Le téléphone quant à lui semble être sur table d’écoute, puisque nos lignes reposent le plus souvent sur les arbres ou parfois l’inverse, nous obligeant à remettre debout ce qui s’est effondré hier. La fée électricité a perdu depuis longtemps sa belle baguette magique.

    À ce sujet, quelqu’un pourrait-il me dire pourquoi une borne pavillonnaire renfermant compteur et disjoncteur submergé par quatre-vingts centimètres d’eau ne saute pas ? C’est ce qui s’est produit chez nous, sans que cela n’émeuve personne. Vous le constatez ; nous n’avons pas le gel, ni la neige, ni les ouragans pour mettre à mal nos installations, et pourtant elles le sont quasiment tout au long de l’année. En dehors des éléments climatiques naturels, nous voyons également des petits animaux sauvages jouer les équilibristes sur les fils en tous genres. Ils prennent plaisir à faire fondre nos relais et nos répartiteurs, quand ce ne sont pas les serpents qui tombent amoureux fous des câbles des transformateurs. Et je vous fais grâce des nids-d’abeilles et guêpes de toutes sortes qui trouvent bien d’avoir leurs logements ou leurs ruches dans les boîtiers de téléphones.  

    Ne vous méprenez pas, je ne me plains pas, car notre vie ne fut jamais suspendue au bout de l’un de ces multiples fils. Seulement, à la longue, lassé par tous ces problèmes qui nous tiennent éloignés de vous, je me demande si je ne devrais pas laisser ma place à quelqu’un d’autre qui serait plus proche du modernisme, et aller retrouver ma solitude bienfaitrice. J’ai parfois le sentiment, en écrivant mes billets et m’escrimant à les envoyer, de lancer une bouteille à la mer ! Il est vrai que la nôtre est particulièrement grande, puisqu’il s’agit de l’Atlantique ! Mais quand même, il y a des hommes qui le traversent à la rame et j’ai l’impression qu’ils vont plus vite que mes messages à vous parvenir.  

    Vous le comprendrez, si je ne suis pas très souvent sur la toile, c’est que je me trouve coincé sous elle et je ne sais pas quand j’aurai la permission d’en sortir. En attendant de vous retrouver, je vous prie de bien vouloir excuser ma présence en pointillés plutôt qu’en lignes continues. Notre débit est très faible et il nous faut beaucoup de temps pour ouvrir des pages rendues trop lourdes par l’immense amitié qui y réside.  

    Voilà quelques nouvelles de notre forêt dont les racines des arbres se transforment peu à peu en de gigantesques palmes. Je ne serais pas surpris, au sortir de la nuit, de la voir déloger pour rejoindre des régions au climat plus tolérant. Si vous désirez écrire un mot pour nous dire que vous avez reçu ma bouteille, soyez gentils de le mettre sur un des fils de la toile qui nous emprisonne. Ce serait bien le diable si une araignée bien intentionnée ne le dépose pas sur le rebord de l’une de nos fenêtres, tandis que dans le même temps, notre amitié se presse lentement vers le chemin inverse pour vous assurer de nos meilleurs sentiments.

    Amazone. Solitude. Copyright N° 00061340-1

     

     

     

     

      


  • Commentaires

    1
    Dimanche 19 Novembre 2017 à 16:37

    BONJOUR RENÉ !

    Des problèmes techniques ?..........Oui çà existe, mais des réponses appropriées et définitives çà existe aussi et, souvent, c'est simple !..............Mais il ne faut pas des réponses d'hommes politiques qui friment chez vous comme chez nous !

    Mais en métropole, nous avons des réactions non politisées et les sociétés d’entretiens courants (J'ai travaillé 35 ans dans cette branche) ne prennent pas leurs ordres à l’Élysée !

    Tiens, par exemple, on ne mets pas de liaison électrique dans des regards au sol ! Tous les câbles enterrés sont dans des fourreaux en Polyéthylène et ils rejoignent les répartiteurs ou les compteurs à 1m50 du sol !

    Et nous faisons la même chose avec l'eau potable, ce sont des tuyauterie en PE et elles remontent à 1m50 à l'intérieur de la maison (il y a un émetteur de comptage qui permet de se passer de l'agent du service d'eau) !

    Et je n'ai pas vu tous tes problèmes ! Il ne faut pas oublié que les solutions provisoires à la con coûtent plus chères qu'une vraie réparations, parce que on y revient pas tous les mois !

    Salut Mon Ami René et Bisous à Josette !

    RÉMY.

    • Nom / Pseudo :

      E-mail (facultatif) :

      Site Web (facultatif) :

      Commentaire :


    2
    Mardi 21 Novembre 2017 à 18:28

      Hello  René  .. Que  dirais  tu  d'un  pays  très , très  grand  qui  se  dit  le  plus  fort , ou  les  rêves  se  réalisent , mieux  que  partout  ailleurs  ?      Comme par chez  toi  , de  l'autre  cote  de  l'Atlantique  tout  en  haut , il  y  a  des  embûches . Des  lignes  qui  se  brisent  par  un  vent  tropical  ou  des câbles  rompu  pas  un  ouragan .. On  dirait  qu'a  chaque  tempête  il  faut  attendre  son  tour , pour  passer  et  aller  plus  loin  ..Alors  on  se  résigne  a  attendre  , encore  et  encore  comme  si  le  temps  nous  faisait  une  faveur ,il  ne  faut perdre   pas  patience .mais  bon ..
    Bonne  semaine  ami  lointain ...
    Bisous  a  partager .. 

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :