• ENTRE RÊVES ET RÉALITÉ

    — Aujourd’hui, j’ai envie de vous en dire un peu plus concernant notre merveilleuse région. Les villages qui ornent l’arrière-pays sont de véritables écrins où la vie prend le temps de respirer à son rythme, sans qu’elle ait besoin de chercher son souffle. Elle imprègne tous les éléments qu’elle frôle, ainsi que les habitants, de telle sorte, que le visiteur pourrait s’imaginer que ceux-ci sont hors de la réalité, à des milliers de lieues du monde sans cesse en effervescence qui est le nôtre. Ici, malgré les tentations qui se firent toujours plus nombreuses, on ne s’est pas encore décidé à franchir le pas qui suffirait à passer d’une civilisation à une autre.

    Il est vrai que l’on se demande pourquoi ils le feraient, quand on entend justement ces peuples se plaindre en permanence de tout et de rien et parfois même des choses ou des gens qu’ils choisissent eux-mêmes. Dans nos villages, la sérénité est omniprésente. L’égoïsme, cette chose étrange, est demeuré aux portes des cités urbaines, comme s’il craignait les grands espaces où il pourrait se perdre. Au cœur de l’immense sylve, chacun n’ayant pas davantage que les autres, il n’y a donc pas de lutte pour obtenir l’objet inutile ou indispensable. Chacun sait apprécier à sa juste valeur le bien-être, et surtout, respecte son voisin avec qui il partage chaque instant du jour. Aucun moment n’est perdu à chercher les regards. Ils sont disponibles à chaque instant et s’adressent à tout le monde qui croise la vision de celui qui les distribue. À ce sujet, contemplant les jeunes amérindiennes sur la photo, on envie presque leurs sourires innocents. Pour l’observateur blasé, la scène semble banale.

    On se prend à imaginer que comme tous les enfants de la terre, elles laissent s’enfuir leurs désirs au gré du temps qui façonne les songes, tout en se balançant nonchalamment dans le hamac. Mais au cœur de la forêt, cette génération évoluant dans les villages établis entre fleuve et grands bois, ont-elles les mêmes songes que ceux des villes ? Pensez-vous qu’elles rêvent des princes extraordinaires qui viendraient depuis les brumes matinales les enlever à leurs pères, telles de fières petites reines ? Peut-on seulement envisager que leur sommeil peut être troublé par de vilaines sorcières, faiseuses de charmes auxquels nul ne peut survivre ?

    Pas du tout.

    Dans notre pays, les héros ne prennent pas d’assaut des forteresses hautes perchées sur les montagnes, au plus près des cieux. Les acteurs des comptines et des légendes s’ils sont déguisés sous des noms d’emprunt n’en sont pas moins bel et bien des êtres réels. Nous pouvons les rencontrer à tout instant, au détour d’un sentier traversant la savane, les voir s’enfuir sous la forêt en suivant des layons secrets. Ils peuvent également accompagner la course des cours d’eau ou sauter d’une ramure à une autre aussi longtemps que dure le jour, sans jamais poser un pied à terre. Ils se nomment jaguars, tortues, toucans, perroquets ou encore lézards. Le conte, à travers ses images et au fil des histoires, n’est jamais très éloigné de la réalité. En fait, il s’approprie les instants de l’existence, auxquels il ajoute les couleurs et les saveurs. Pour le plaisir de tous, chaque matin, la fable se renouvelle.

    Les villageois prennent leur bain de vie comme celui que l’on vole au fleuve.

    Nous comprenons qu’il n’est nul besoin d’aucune page pour immortaliser les merveilles du quotidien. Les nuages ne supporteraient pas d’être emprisonnés sur des petits rectangles de papier tandis qu’ils ont le ciel pour courir vers leur destinée, en parfaite liberté. De temps à autre, ils ne rechignent pas à se poser sur la cime des grands arbres pour y déverser leur trop-plein d’humidité. Ils les enveloppent dans une mousseline élégante, les faisant ressembler à d’immenses cocons. Les perroquets, les aras et certains autres oiseaux, lorsqu’ils sont en couple, ne se séparent plus jamais. Ils s’amusent à rapporter au mot prés, les potins de la brousse aux femmes filant le coton pour la confection de nouveaux hamacs. Ici, à la porte du paradis, les rêves se parcourent les yeux grands ouverts et le sourire aux lèvres. La vie est douce comme le bon miel et jamais personne ne songerait à renverser le pot, afin de vérifier ce qui repose dans le fond. Je vous l’ai précisé ; s’il est un pays où le temps prend le sien pour respirer un peu avant de continuer sa course autour du monde, c’est bien chez nous qu’il étale ses aises. En regardant à nouveau du côté des jeunes filles, nous pouvons constater qu’elles sont parfaitement heureuses. Serait-ce qu’elles aient vu un chevalier en habit de lumière s’approchant une monture parée d’or ? Sinon, vers qui s’envolent les sourires ?

    Si vous me faites l’amitié de me lire, demain, promis, je vous dirai la suite.

    Amazone. Solitude. Copyright N° 00061340-1

     

     

     

     


  • Commentaires

    1
    Mercredi 15 Novembre 2017 à 13:46

    BONJOUR RENÉ !

    Tu nous parles du choc des civilisations là !

    " Tu sais, une voiture formule 1 peut éventuellement rouler sur nos autoroutes, mais pas sur nos routes de campagne ! "

    Un métropolitain (comme ceux de Kourou) fait envie aux amérindiens et ils sont capables de trouver injuste leur situation et de revendiquer toute la différence avec le zoreille !

    Notre misère est fonction du contexte où nous vivons !..............Une indigence métropolitaine française peut faire une opulence au Surinam !

    Que cherche le peuple Amérindien Guyanais, l'Opulence des Parisiens avec le rythme et les archaïsme du peuple amérindien ?.............Çà c'est impossible !

    Je ne sais pas si tu es d'accord avec moi, mais nous avons les revenus en fonction de notre rythme de vie et de nos qualifications dans le contexte industriel adéquate !............Ce qui n'empêche pas l'inverse, libre à ceux qui optent pour un retour à une vie plus naturelle en se contentant d'un faible revenu mais d'une vie tellement plus calme et reposante !  Mais c'est un CHOIX à faire !

    Salut Mon Ami RENÉ et bisous à Josette !

    RÉMY.

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