• LE MARCHEUR DE NOËL 4/5

    Dans l’esprit des contes et légendes de Noël

     

     

    À l’image de ce qui se passait dans le firmament avec l’arrivée imminente de la lune, le marcheur de Noël se dirigea vers le groupe de danseurs. Se rapprochant, il dut reconnaître qu’ils étaient plus nombreux qu’il le pensait. Il se demanda même si ce n’était pas toute la contrée qui festoyait à l’orée de la forêt. Il fit encore quelques pas, puis, certain qu’il ne pouvait qu’être découvert, il marqua un arrêt. C’est alors que l’un des villageois se détacha du groupe et vint à sa rencontre, mais sans précipitation ni geste hostile. S’immobilisant à quelque distance, il lui adressa la parole, calmement, prononçant distinctement un salut qui se voulait courtois !

    – Bonsoir, ami, jusqu’à cet instant inconnu. Je me suis égaré par les pistes de la savane. Ma présence parmi vous serait-elle acceptée ? Sinon, je puis demeurer au pied d’un arbre pour y attendre le jour prochain.

    – Je ne sais pas encore qui tu es, étranger ; cependant, notre chef m’a demandé de me rendre à ta rencontre pour réclamer des informations. En fonction de ce qu’il te dira, je te laisse juge pour le ramener parmi nous.

    – Eh bien, monsieur à qui j’ai fait interrompre la danse, je viens de te l’indiquer. Je ne suis qu’un simple voyageur qui traverse le continent.

    – Si je comprends bien, tu désires aller jusqu’à la fin des terres, là où s’affrontent les océans ?

    – En effet, c’est bien la direction que je prends et si Dieu le veut, dans quelques mois, je devrais être au point que vous citez. Vous-même, connaissez cet endroit magique ?

    – Oh ! Non ; comme tous mes frères, je ne me suis jamais beaucoup éloigné de notre région, si ce n’est durant nos périodes de chasses. D’ailleurs, qu’irai-je faire ailleurs alors que ma famille et mes amis qui en font partie sont tous ici ? Vous-même, n’avez-vous donc personne que je vous trouve là à marcher sans personne d’autre à vos côtés ? Vous n’avez pas un compagnon, à moins que celui-ci soit resté en route ? Chez nous, jamais un homme ne s’aventure hors de notre territoire si l’un de nous ne le suit pas. Partir seul pourrait signifier que vous craignez quelque chose ou quelqu’un.

    – Rassurez-vous, je ne fuis personne, sinon les jours pour aller vers d’autres. En un mot, vous pouvez en juger, je ne suis pas un être très compliqué.

    – Je le constate en effet. Puisque mon aîné m’a prié de vous estimer, je le fais en interrogeant mon cœur. Si vous le voulez bien durant l’instant qui suit, je vous demanderai de ne plus parler afin de ne pas le troubler. Voilà qui est fait, étranger. Je suis satisfait et vais donc vous présenter aux miens. Dès lors, vous franchirez notre cercle, vous ne serez plus considéré comme un anonyme, mais en simple visiteur, un invité.

    – Je vous remercie bien sincèrement, monsieur.

    Durant la conversation, plus loin, les chants et les danses n’avaient pas cessé. Les tambours roulaient sur des rythmes, indiquant aux gens qu’il fallait changer de direction et de pas. Les corps se balançaient d’avant en arrière, puis de haut en bas. On ne fit pas cas de l’arrivée du nouvel ami. Celui qui l’avait introduit le présenta au chef qui lui demanda de s’asseoir près de lui.

    – Je ne connais pas encore ton nom, mais je sais que tu es l’un des nôtres, puisque mon fils a estimé que tu en étais digne. Il vient de me rapporter tes paroles, et je salue ton courage. C’est au bout du monde, où tu te rends. Il te faudra être prudent.

    – Oui, je suis conscient que mon but se trouve très éloigné. Mais je ne désespère pas d’y arriver.

    – Si tu respectes les coutumes des contrées traversées, tu découvriras certainement l’objet que tu convoites.

    – Sans doute vais-je vous paraître curieux, chef, mais que fêtez-vous en cette soirée ?

    – Nous attendons la lune. De cette année elle est la dernière et elle sera très grosse. De plus, il ne t’a pas échappé qu’elle est aussi la treizième ! Nous devons l’honorer afin qu’elle rende fécondes nos épouses, qu’elle veille sur nos récoltes pour que nous ne connaissions pas la famine et surtout qu’elle protège tous les habitants de notre région. Ce soir, elle ne sera pas une simple lune, mais une véritable divinité à qui nous rendons hommage. Dans ton pays, ne vénérez-vous donc pas les astres sous la protection desquels vous êtes placés ?

    – Non, et j’en suis désolé. D’autant plus que demain ils fêteront Noël, et comme vous, ils passeront la nuit à festoyer. Mais beaucoup oublieront la raison qui fait se réunir les hommes, au milieu de la musique et des cotillons.

    – Ah ! Oui, il y a longtemps j’ai entendu cette histoire de père Noël. D’après vous, existe-t-il vraiment ?

    – Je ne veux pas vous décevoir, chef. Mais ce n’est qu’un personnage de légende dont on se sert pour endormir les enfants. Un jour, ils découvrent tout seuls qu’on les a bernés. Toutefois, pour vous rassurer, je puis vous dire que dès l’instant où ils trouvent leurs cadeaux, celui qui est censé leur apporter n’a plus beaucoup d’importance. Au soir de la journée, ils commenceront à compter les jours qui les séparent de la prochaine fête. (A suivre)

     

    Amazone. Solitude. Copyright 00061340-1


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :