• PRISE DE CONSCIENCE

    Avertissement : Que ceux qui n’ont pas eu d’idées étranges me disent qu’ils n’ont jamais fait le moindre faux pas. Cela vous semble bizarre ? Normal, ça l’est. Allons plus loin, si vous le voulez bien, mais en cadence s’il vous plaît. (Sourires) Vous ne les voyez pas, ils sont cachés derrière les mots.

     

    – Maintenant que le soir tombe plus tôt sur le chemin de ma vie, et que l’horizon semble faire des efforts pour se rapprocher, j’ai adopté une nouvelle technique pour ne pas aller trop vite au-devant de lui. Ah ! Je vois quelques têtes se tourner vers notre coin de forêt ! Il y a une manière particulière, de poser un pas l’un devant l’autre, entends-je ? C’est à peu près cela. Mais ne soyez pas impatients ; pour l’heure, je suis en mode rétro. Je m’explique.

    Ces jours derniers, je ne maîtrisais plus le temps, à travers lequel il me parut que je courais comme si je désirais arriver à la fin de l’année avant tout le monde. Un matin, lors de ma promenade, je ne sais pas qui posa sa main sur mon épaule, en disant !

    – As-tu une quelconque obligation qui te presse de te présenter au soir avant ta famille et tes amis, ou es-tu las du présent que tu veuilles te précipiter dans le futur ? À ton âge, mon cher, ce n’est guère prudent. Permets aux autres de s’occuper des lendemains, c’est leur rôle.

    – C’est alors que laissant sa main en place, il me dit en souriant :

    – Si tu m’écoutes, et acceptes mon propos, je suis prêt à te révéler un secret.

    – Si tu  crois que cela peut m’être utile, je suis disposé à suivre tes conseils. Mais avant, demandais-je sans me retourner, peux-tu me dire qui tu es ?

    – Qui je suis, n’a pas d’importance. J’ai ordre de prendre soin de toi ; pour l’heure, cette information doit te suffire.  

    – J’entends bien, mais qu’en est-il de ce secret, et dans quelle direction dois-je me tourner pour le découvrir ?

    – Ne pose pas de questions inutiles. Contente-toi de mettre un pied devant l’autre, puis un nouveau. Voilà, comme cela ; ce n’est pas la peine de l’allonger, fais en sorte que cela soit naturel. Maintenant, recule d’un.

    – À cette vitesse, je ne suis pas arrivé !

    – Tu as rendez-vous avec quelqu’un ?

    – Non, je marchais, comme je le fais depuis des années, pour ne pas dire depuis toute ma vie.

    – Tu te déplaces toujours à cette allure ?

    – Ma fois, oui ; enfin, je n’ai aucune raison de me contrôler.

    – Eh ! bien maintenant, tu en as une. Je comprends pourquoi tu es déjà à ce point si éloigné sur ta route, alors que rien ne t’obligeait à te précipiter. Une fois pour toutes, tu dois ralentir, et pour ce faire, exécutes ce que je t’ordonne. Un pas en avant, puis, un second. Tu enchaînes avec un en arrière.

    – Donc, si je suis ton raisonnement, je n’avance que d’une longueur ?

    – Oui, je vois que tu saisis.

    Mais alors, au lieu de deux je pourrais aussi bien n’en faire qu’un ?

    – Tu n’as pas tort. Cependant, ce faisant, tu manques une étape importante.

    – Tu le crois vraiment ? À cette cadence, je n’ai pas le sentiment de perdre quelques images du paysage.

    – Écoute-moi, au lieu de m’interrompre à chaque instant. Le mouvement que je t’indique ne te rappelle-t-il pas un souvenir ?

    – Non, je ne vois pas.

    Parce que tu vas encore trop vite. Maîtrise tes gestes. Avance une fois, puis une seconde et reviens sur tes pas, dans le même instant. Voilà qui est mieux. Alors, en ton esprit, il n’y a toujours aucune évocation qui se présente ?

    – Peut-être, mais cela reste vague. Ah ! Mais oui, balancement, mouvement de chaloupe, la mer, le voyage !

    – Tu y es, mon ami. Avec un peu d’expérience, tu vas vite prendre goût à ton nouveau comportement. Je te prédis qu’il va te conduire directement vers tes plus beaux souvenirs. Tu seras si heureux de les revoir, que plus jamais tu n’auras envie de courir sur ta route. Demain peut attendre ; vis d’abord aujourd’hui et adresse quelques sourires à hier. Je constate que tu as déjà la cadence. Pour moi, il est l’heure de te laisser, car j’aperçois au loin d’autres gens pressés.

    – Ne te retrouverai-je pas, au hasard de mes promenades ? Je ne connais toujours pas qui tu es et cela manque à ma satisfaction.

    – Je ne puis te dire mon nom. Sache seulement que dans peu de temps tu m’auras oublié, et c’est la chose qui aura le plus d’importance. Figure-toi que tu seras persuadé que tu te seras dominé sans l’aide de personne. C’est l’horizon qui est le responsable ; soudain, tu as compris que bientôt tu le toucherais et cela t’a réveillé. Allez, bonne route, usant de ta démarche chaloupée. Voilà que tu ressembles maintenant à un vieux loup de mer.

    Amazone. Solitude. Copyright N° 00061340-1

     

    Merci pour votre patience et votre indulgence.


  • Commentaires

    1
    Samedi 11 Novembre 2017 à 04:40

    Mais  oui  cher  René , rien  ne  sert  de  courir  au  risque  de  tomber ,  c'est  ce  que  me  dit  une  petite  voix  tous  les  jours  depuis  quelques  mois .déjà  que  je  n’étais  pas  rapide  avant  mes  nombreuses  bougies , maintenant  c'est  vraiment  du  ralentit , le  principal  est  de  réaliser  le  plus  urgent  projet ..  Prends  soin  de  toi  ami  lointain  , Merci  pour  cette  prise  de  conscience ..Reviens  nous  reposé  et  en  meilleur  forme  ..
    A  bientot  ami  lointain..Passez  un  bon  Week-end ..J'irai  lentement  moi  aussi  ..
    Nicole ..  .

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    2
    Samedi 11 Novembre 2017 à 14:21

    BONJOUR RENÉ !

    " Ce qui est important, n'est pas le temps que tu passes sur le chemin de ta vie mais le chemin que tu as choisi ! "

    J'ai retrouvé ce compendium dans plein de philosophies, de théologies et même de politiques sociales !

    Je trouve que c'est trop facile de philosopher sur des évidences basée entièrement sur la rhétorique !....Je me suis refusé de jouer les gourous, c'est trop risqué et trop prétentieux !

    Ou alors, uniquement pour la prose et le chants des phrases et des mots bien choisis !

    Salut Mon Ami René et bisous à Josette !

    Ne faites pas de folie, vous êtes fragiles !

    RÉMY.

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