• Amour d'un jour, amour toujours

    Amour d'un jour, amour toujours


    — Bien triste est ce constat que nous faisons lorsque dans notre vie la dernière saison se profile sur l’horizon. Trop souvent, nous ne savons pas par quel souvenir commencer la revue de ce temps passé qui nous vit grandir puis nous assurer, dans une existence qui ne nous tendait pas forcément les bras. Nous en venons à compter les erreurs et nous feignons d’être surpris qu’elles fussent si nombreuses. Sommes-nous donc faits d’éléments si légers qu’ils s’envolent au moindre souffle pour que notre mémoire ne retienne qu’une infime partie des mépris ou des jugements incertains que nous portions alors sur le monde qui nous entourait et sur nous-mêmes ?

    Ainsi, il me fallut presque toute une vie pour retrouver et comprendre cette époque où nous étions à l’âge ingrat, à l’intersection de l’innocence, de l’ignorance et du chemin qui conduit vers la réalité. C’était un jour d’été, comme ceux que l’on adore traverser, alors que le ciel et la mer se confondent dans une même couleur. Nous étions proches l’un de l’autre et je me souviens de cette main qui n’osait caresser la mienne, tandis que la vague venait mourir à nos pieds.

    Ô ! Cher amour disparu, tu ne peux imaginer comme ma peine a grandi et pèse sur les jours qui ne supportent plus le poids du temps sans toi ! Je dois l’avouer, il m’arrive d’être las d’assister au combat quotidien entre le jour et la nuit, alors que l’un construit mes rêves et que l’autre les efface. Je souffre toujours de n’avoir pas su te garder près de moi dans ces instants où tu enserrais maladroitement mon corps, déposant sur mes lèvres des baisers si parfumés que j’en ai conservé le goût.

    C’était un jour merveilleux.

    La mer semblait écrire pour nous une extraordinaire histoire. Telles des lignes sur lesquelles courraient les mots, les vagues se succédaient comme si elles nous indiquaient que les pages s’ajoutaient les unes aux autres. De temps à autre, je me permettais une phrase, parfois un chapitre, insistant sur le fait que nous étions bien jeunes pour, d’un seul regard, envelopper l’amour qui était notre complice sur cette plage. À présent, je regrette celle que j’appelais ma petite sirène rayonnante sous le soleil jaloux.

    Il ne fait aucun doute qu’aujourd’hui mon comportement serait tout autre. Sans doute que je t’offrirais mon épaule afin que ton chagrin trouve un refuge. Je devine que ta tête irait vers la mienne et que je recueillerais les larmes venues de tes yeux aussi précieusement que l’on puise l’eau de la source pour la porter à nos lèvres dans la tiédeur des matins d’été. Ton regard essayait alors de me dire les mots que ta bouche n’osait prononcer. Je te disais encore que nous n’étions qu’à l’aube de notre vie en ignorant que l’amour, lorsqu’il a trouvé un doux refuge, n’a que faire de l’âge des cœurs dans lesquels il a élu domicile.

    J’étais impatient d’aller à la rencontre de ces pays où le bonheur, disait-on alors, se décline sur des airs languissants, qui font onduler les corps au même rythme que les jours et où il cultive son inspiration, transformant les lendemains en plus doux et plus beaux que les jours présents.

    Pour te consoler et apaiser tes angoisses, je te disais que je reviendrais t’enlever, perché au sommet d’une vague plus haute et plus puissante que toutes les autres.

    De nous deux, tu fus la plus fidèle. Souvent, tu vins vérifier sur cette plage où le sable s’était mêlé à nos mains serrées et où il entendit des promesses que je ne sus pas tenir.

    Après une vie d’errance à parcourir les rivages, je compris trop tard que c’était sur celui-ci que se trouvait le bonheur qui m’était destiné. Comment ai-je pu l’ignorer, alors qu’il prenait tant de place dans ta vie ? Tu l’avais installé dans nos cœurs avec une extrême douceur, comme le printemps réchauffe la terre pour rendre les hommes heureux.

    Je compris que tu comptais les vagues, attendant la plus belle, espérant me voir caracoler à son sommet. Je devinais aussi que tu laissais tes jambes se faire caresser par la mer qui allait et venait, n’osant avouer que tu ne savais pas si c’était lui qui revenait ou si c’était elle qui déposait son plaisir pour effacer la tristesse qui occupait ton esprit. Fougueux et impatient, je voulais prendre toutes les forteresses du monde, alors que la plus belle citadelle que je désirais conquérir était à mes côtés.

    Aujourd’hui, le désespoir me ramène vers cette plage où tu as disparu, mais où je te vois en rêve, la mer berçant tes mots, alors que le vent, tel un jeune effronté joue dans tes cheveux défaits et ondulants, cascadant sur tes épaules nues.

     

    Amazone. Solitude. Copyright N° 00048010

     

     


  • Commentaires

    1
    Mardi 25 Octobre 2016 à 17:37

                Coucou  René  ...
        Sur  ce  billet  que  tu  as  rédigé  ce   jour  le  plus  triste  de  notre  famille  , puisqu'il  préparait   lentement   le  départ  de  Jacques  , je  dirais  , comme  l’écrivait   Antoine  De  Saint Exupery  " La  vie  nous  apprend  plus  long  sur  nous  que  tous  les  livres ...Parce qu'elle  nous  résiste , l'homme  se  découvre  quand  il  se  mesure  avec  l'obstacle   "
       A  bientôt  ami  lointain  ..
     Avec    toute  mon amitié  je  vous  embrasse  tous  les  deux ..
    Nicole

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