• Bonne année 2017

    – Puisque nous voilà sur le seuil de la nouvelle année (ainsi nous avons l’habitude de nommer la longue énumération de jours et de mois qui nous attendent derrière les matins brumeux et qui s’enfuient dès les ténèbres tombantes sur le monde), je ne voudrais pas manquer de vous présenter mes vœux les meilleurs et les plus sincères. Je sais, il est de coutume de dire ou d’écrire ainsi, mais chacun de nous possède sa formule particulière qui donne aux destinataires un peu de courage et d’espérance dans ce monde qui doute.

    Aussi, pour vous toutes et tous qui me faites l’amitié de venir à ma rencontre, je souhaite le meilleur que l’existence ait en réserve et distribue aux plus méritants comme aux plus démunis. Pour moi, l’année qui s’éveille ressemble à une éphéméride géante, dont chaque jour s’envole sans qu’il soit utile de tendre le bras pour enlever la page. Le temps nous fait comprendre à sa manière qu’il ne nous appartient pas et qu’il n’a nul besoin de nos mains pour le gouverner. Aucun d’entre nous ne possédera jamais le privilège de lui subtiliser le moindre grain défilant dans son grand sablier.

    Qu’importe ! Laissons-le faire à sa guise. De toute façon, à mon âge, il y a bien longtemps que j’ai compris que pour lui, nous sommes pareils aux objets sur lesquels il dépose ses marques indélébiles et où il prend plaisir à fixer un regard insistant qui suffit à créer en nous l’animation indispensable à notre survie.

    Selon son bon vouloir, il fait de nous des êtres heureux ou malheureux ; nous sourions ou nous versons des larmes. Il s’amuse à nous rendre nostalgiques ou enjoués, les yeux remplis d’émoi ou au contraire désespérés.   Las ! Comme tant d’autres avant lui, il s’annonce à grands bruits avec toujours la même arrogance, nous laissant croire que beaucoup de choses vont changer durant son règne. Il semble dessiner pour nous des promesses dont nous nous doutons qu’il ne les tiendra pas, car il n’en est ni le créateur ni le détenteur.

    Seules les grandes personnes savent bien ce que nous ne pouvons attendre d’une nouvelle année, qui même pour nous faire plaisir ne rajoutera ni saison ni jours supplémentaires. Elle sera probablement comme les précédentes. Les jours ne seront ni plus longs ni plus courts et les nuits seront identiques à toutes les autres avant elles, peuplées de rêves agréables ou de cauchemars. C’est sans doute la faute du temps qui vieillit et qui semble aujourd’hui manquer d’imagination. En bons élèves, nous subirons donc ses caprices en nous remémorant les années d’antan qui firent pour nous des heures heureuses, en prenant soin d’éviter sciemment les souvenirs les plus douloureux. 

    Pour faire mentir le préambule quelque peu pessimiste, je retiendrai qu’une année nouvelle est comme un livre qui prête ses pages vierges à notre imagination. Il nous revient le plaisir de coucher sur les lignes qui ressemblent alors à un chemin récemment découvert, les mots les plus doux qui ont le pouvoir d’exorciser les maux qui nous assaillent. Nos écrits seront dès lors pareils à un nouveau soleil qui renaîtrait chaque matin par la magie de nos mains, complices de nos pensées. C’est à la relecture de nos lignes que nous trouverons le courage de mettre un pied devant l’autre, afin de parcourir la route qui fut dessinée à notre intention et au long de laquelle, pris dans les incertitudes de la vie, nous avions oublié de semer les fleurs qui embellissent l’existence et parfument nos rêves.  

    Vous le constatez, les mots s’ajoutent et j’aimerais à nouveau vous souhaiter le bonheur qui vous revient de droit, entouré de l’affection de ceux qui vous sont chers.

    À vous, qui me faites l’amitié de lire mes billets ; je prie pour que la maladie, si elle a l’audace d’arpenter votre rue ne stationne pas sur le seuil de votre maison, attendant que la porte s’entrouvre pour s’engouffrer sans crier gare.  

    Une nouvelle année, c’est aussi le temps où nous avons le devoir de tordre le cou aux idées préconçues et l’heure des bonnes résolutions a enfin sonné ! Nous jurons alors d’avoir suffisamment de courage pour assurer l’accomplissement de nos décisions, même si nous savons que nous n’en ferons rien. Le seul fait de l’évoquer est déjà un pas en avant vers la victoire.  

    Je voudrais aussi vous livrer le fond de ma pensée. L’année qui timidement nous tend ses jours recouverts d’une certaine innocence, les hommes politiques nous la voleront un peu.

    Le premier quart va se dérouler dans la campagne électorale, évinçant ainsi le peu de bonheur qui circule sur nos chemins. Un matin, l’un d’eux se réveillera dans l’habit d’un président qui sera à la solde du profit, puisque la finance a d’ores déjà supplanté les humains aux commandes de tous les pays. Il nous était si facile de redescendre de quelques marches de l’échelle sur laquelle nous étions, avant que des mains mal intentionnées, n’en coupent les barreaux inférieurs ! Il ne nous reste plus qu’à sauter, et je crains que la chute soit rude.  

    Avant de vous laisser dans ce premier soir, et pour mettre une note plus gaie, je voudrais dire aux plus isolés que je ne les oublie pas. Je ne peux commencer cet an nouveau sans les assurer de mon amitié, car je sais qu’il n’est d’autres cadeaux que celui de l’amour qui ouvre la porte du cœur afin que le bonheur qui était frigorifié dehors trouve enfin la chaleur qui lui revient. Il n’est pas en mon pouvoir de sécher les larmes qui ont coulées sur les joues de certaines personnes ; je peux seulement prier en leur faveur, pour que doucement elles restent suspendues plus longtemps aux cils, avant de disparaître définitivement. Et puis, comme je le disais à une amie, si dans vos demeures vous détectez des relents d’hypocrisie, d’égoïsme et de facétie, même si le froid en profite pour visiter votre maison, ouvrez en grand portes et fenêtres, afin qu’un air exempt de mauvais esprit remplace celui nourri par le mensonge.

    Bonne et heureuse à tous ! Je vous embrasse comme je vous aime ; très fort.

     

    Amazone. Solitude. Copyright N° 00048010


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