• Des fleurs pour celle qui leurs ressemble

     

    Des fleurs pour celle qui leurs ressembleConfidences d'un enfant

     

    — Il est des nuits comme celle qui précède la fête des Mères qui préoccupe l’esprit de l’enfant à ce point, qu’il ne peut fermer l’œil. C’est que la fête des mamans n’est pas quelque chose de tout à fait ordinaire. Il faut réellement qu’elle soit grandiose pour que l’on en parlât depuis plusieurs jours afin que les esprits en soient intimement imprégnés.

    — Au jour dit, alors que la clarté était à peine installée, je me hâtais, dès le lit abandonné, d’aller vers les prés pour y cueillir le plus beau des bouquets.

    Je le destinais à celle qui permit à mon cœur d’être ce qu’il est aujourd’hui : sensible, doux et aimant et ô combien tolérant ! Sans perdre un instant, je me dirigeais le plus vite que je pouvais vers les promises qui sans aucun doute me tendaient leurs couleurs comme si elles savaient que je serais venu dès l’aurore. Je demandais alors à mes courtes jambes de ne pas m’arrêter en chemin, à mes oreilles de ne pas entendre la pendule du clocher qui égrenait le temps ni de m’émouvoir au son de l’angélus.

    J’étais déjà au milieu de la prairie lorsque l’idée me vint de me demander si je n’étais pas venu trop tôt.

    Je voyais bien que celles que je convoitais n’étaient pas encore remises de la nuit qui les avait tenues dans son intimité alors que le jour les réinstallait avec une infinie tendresse et autant de précautions.

    J’eus soudain honte lorsque je réalisais que celles que j’étais venu arracher à leur monde merveilleux s’exposaient sans pudeur, parfaitement nues, aux caresses de la rosée déposée par une brume légère.

    C’était l’heure du bain !

    Alors que je restais les bras ballants ne sachant que faire ni qu’elle attitude adopter, je vis très nettement que certaines me faisaient des signes.

    Oh ! Ne vous méprenez pas ! Je compris rapidement que les efforts qu’elles déployaient n’étaient pas pour séduire celui qu’elles auraient pris pour un papillon ! Toutefois, je ne pus m’empêcher de rougir quand je compris que j’étais dans la situation d’un voyeur indiscret.

    En fait, elles avaient deviné la raison de ma présence en ces lieux avant que le soleil soit passé au-dessus de l’horizon. Je remarquais certaines corolles très largement ouvertes débordantes de rosée.

    Je crus comprendre qu’elles m’invitaient à recueillir ces précieuses perles. J’allais donc d’un calice à un autre afin de remplir mon flacon de cette liqueur odorante. C’est un parfum que l’on ne retrouve nulle part ailleurs. Il est celui que les cœurs des fleurs distillent en secret pour embaumer un autre cœur, celui d’une mère.

    Le flacon débordant du précieux nectar déposé par la nuit, je le fis disparaître prestement au fond de ma poche, afin que le jour ne puisse en deviner les fragrances.

    Je restais un long moment planté au milieu de la verdure que parsemaient des taches de couleurs. Le bain semblait ne vouloir jamais se terminer. Certains pétales ressemblaient un peu à nous les enfants, peu enclins à la toilette. Mais le brouillard veillait et avec autorité il s’attardait sur les récalcitrants.

    Les observant de plus près, je vis que les fleurs d’ordinaire timides rivalisaient de beauté et d’éclats particuliers pour attirer mon regard.

    Je compris alors la raison qui les poussait à s’offrir sans retenue. C’était l’instant, où à travers le voile fin de la brume qui s’amenuisait rapidement, que les premiers rayons du soleil déposaient sur les cœurs offerts des milliers de diamants.

    Je réalisais qu’il ne me fallait plus tarder à faire la cueillette qui me permettrait d’offrir à celle qui était ma reine du jour, des fleurs et des bijoux.

    Loin de m’en tenir rigueur, je sus immédiatement que ces modestes fleurs champêtres seraient heureuses de se trouver en bonne place au milieu de la table, qui pour l’occasion prendrait un air de fête, partageant avec une autre fleur l’amour qui serait échangé en ce jour vraiment pas ordinaire.

    À l’occasion de cette fête exclusivement réservée aux mamans, je sais qu’aucune fleur ne vous dispute le charme dont vous nous inondez au cours de la vie ni votre douceur qui caresse notre peau lorsqu’elle se pose sur elle. Elles sont seulement fières d’avoir été choisies pour être les amies d’un jour que l’on souhaiterait qu’il durât toujours.

    En cette occasion, je sais que de par le monde aucune mère n’a le même accent pour dire à ses enfants « je t’aime » et aucun d’eux n’a la même quantité de paillettes d’or au fond des yeux quand il prononce ces mots merveilleux : Bonne fête maman !

     

     

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