• DOULOUREUSES CONFESSIONS 2/3

    LES FORCES DÉMONIAQUES

    DOULOUREUSES CONFESSIONS  2/3 

    Je porte à la connaissance des lecteurs que les photos (église de Iracoubo en Guyane) ne servent que d’illustrations aux textes et ne peuvent donc pas être considérées comme le lieu où se déroulent les trois billets qui suivent.

     

    — Elle priait intensément quand les mots du prêtre l’arrêtèrent net. Elle prit un instant avant de réaliser ce qu’elle venait d’entendre et alors elle comprit ce que Bruno demandait à son dieu.

    — Pardonnez-moi, seigneur !

    — Ces trois petits mots entraient avec violence dans sa tête et commençaient à faire se lever un vent hurlant et déchirant l’espace, celui qui annonce les tempêtes. C’est à ce moment qu’elle eut conscience de l’importance que revêtait cette modeste phrase.

    Un jour, le père Bruno ne lui avait-il pas dit que chaque parole cache une histoire et qu’ils détiennent des secrets que seuls les initiés peuvent découvrir ? À cet instant, elle comprit qu’ils signifiaient qu’elle avait, avec ses exigences, brisé une alliance, séparé un couple dont l’un avait juré fidélité au plus puissant. Elle avait détourné l’élu de son devoir et de ses promesses, elle avait fragilisé un pilier de l’édifice.

    N’aurais-je pas dû y songer plus tôt, se demanda telle ?

    Au contraire, toute à sa passion, elle n’avait pas eu la moindre pensée en vers cette église sur laquelle repose la chrétienté, cette maison où se réunissent ceux qui sont sincères et qui ne réclamaient rien d’autre que l’humilité et la repentance. À l’inverse d’eux, continua-t-elle, je suis venue semer le désordre et le péché.

    Essayant de se justifier elle plaida l’innocence et le désir d’aller voir ailleurs que chez elle si le bonheur existait, s’il pouvait investir son être tout entier et apporter l’apaisement salvateur du corps et de l’esprit.

    Je le confesse, j’ai trouvé les sentiments qui m’ont portée au pied de l’autel de la félicité. J’étais encore dans les matins blafards et subitement je me suis retrouvé au solstice d’été, ce jour qui nous fait comprendre qu’il aimerait qu’il dure toujours. J’ai connu les transes qui m’ont transportée dans un univers jusque-là ignoré.

    C’est vrai, s’excusa-t-elle humblement en regardant le Christ qui semblait plus triste que les autres jours, qu’au cœur de l’ouragan ce n’était pas moi qui hurlais en allant au-devant du plaisir et qui l’emprisonnais afin qu’il ne me quitte plus. Les larmes qui coulaient alors n’étaient pas les miennes, mais celles de ce personnage, inconnu qui sommeillait en moi, attendant que la porte s’entrouvre.

    Moi aussi je vous demande pardon, mais pas le même que celui de Bruno. Je me sais coupable de vous enlever votre serviteur et pour cette action, je dois vous apparaître comme une puissance satanique, celle que vous combattez depuis la nuit des temps.

    Voyez, Seigneur, comme les forces du mal sont grandes ! Le démon que vous prétendez anéantir s’est réfugié au plus profond des êtres, et il les utilise comme autant de boucliers. Si un de vos fidèles vient à mettre un genou à terre, celui que l’on nomme Satan trouve dans l’instant une autre victime.

    Pardonnez ma franchise, mais sans faire disparaître l’humanité tout entière,  il n’y a aucune chance de vaincre le Satan. Baissant les yeux, elle osa reprocher à celui qui réside dans le ciel qu’en fait, elle eût fait la même chose que lui, lorsqu’il avait enlevé Bruno à sa mère. Moi, je l’ai soustrait à la cohorte de vos serviteurs. Je n’en suis pas fière pour autant, car à compter de ce jour, ce sont deux cœurs blessés qui vont essayer de battre à l’unisson. Je sais déjà qu’il leur faudra du temps avant de trouver la mesure qui convient.

     Que restait-il des leçons enseignées ? On m’avait dit de ne jamais envier le bonheur des autres ni les biens d’autrui. On m’avait tenu hors du péché et à l’écart de tout désir. Du bon grain semé, je ne suis que l’ivraie qui recouvre votre champ. Mais quand le blé aura été coupé, je serai toujours là à protéger la terre qui se désolerait sous les rayons brûlants d’un soleil destructeur.

    Pardon encore pour toutes ces offenses, alors que nous devions être que les bras qui pétrissent la pâte issue d’une généreuse farine. Mais pour cuire le pain, ne faut-il pas des flammes, de celles dont vous avez revêtu le démon ?  

    À ce stade de ses réflexions, elle venait de rejoindre par la pensée une autre femme qui avait également beaucoup compté dans la vie de Bruno : celle qui lui donna le jour.

    La comparaison doit vous sembler outrageante, mais vous êtes-vous préoccupé  

    du chagrin de sa mère, quand votre choix s’est arrêté sur lui ? (À suivre).

     Amazone. Solitude Copyright 00061340-1

     

    Demain, nous entendrons la mère de Bruno. 


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