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ÉLOGE À LA NATURE
- Je ne peux pas renier les inventions des hommes, car la plupart nous ont rendu la vie beaucoup plus facile. Certaines ont enchanté nos jours, illustré notre quotidien, et pourquoi ne pas le reconnaître nous ont fait rêver, encore et toujours. Cependant, malgré tout le bien que je pense des innovations et de ceux qui les ont créées, ma préférence ira sans cesse vers quelque chose à la fois de simple et d’une complexité extraordinaire ; je veux dire par ces mots, celle qui nous entoure, et au sein de laquelle j’ai vécu. Certains l’ont déjà compris, car je parle souvent d’elle. Comment ne pas le faire, alors que chaque jour depuis mon avènement, si je puis dire, je baigne véritablement dedans ?
Oui, c’est vrai ; probablement que je me répète. Mais c’est bien de notre mère Nature que je désire faire l’éloge en quelques lignes. N’est-elle pas la fille unique de la Terre, au passé si admiratif dont l’homme par son égoïsme et son perpétuel entêtement salit et piétine le nom et l’habit ? Pour elle, j’ai écrit, dis-je ; mais j’ai aussi composé et chanté. Je l’ai honoré de mes sentiments, l’ai aimé passionnément, l’ai entretenue et défendu, sachant que mes actions n’étaient qu’une goutte d’eau dans l’océan. Toutefois, je pensais que si chacun de nous faisait un geste identique à ceux qui sauvent des vies humaines, mère nature pourrait survivre. Ai-je eu tort de l’imaginer ?
Chaque matin, guettant le jour qui se hisse sur la forêt, je me dis que tout le monde devrait avoir la chance de pouvoir admirer celui qui nous accompagne jusqu’au moment où la nuit va étendre son voile délicat des ténèbres pour lui succéder. Mais elles sont obscures et discrètes à ce point, que pour les retenir, elles font appel aux étoiles pour que nous nous souvenions, et qu’en insistant, elles finissent elles aussi par nous envoûter. Cependant, de tout temps, c’est la lumière que je préfère. Au cours des heures, elles sont changeantes dans le seul but de nous séduire et de nous rendre heureux. Dès l’aurore, le ciel nous envoie un voilage tout de fine dentelle faite. À mesure que le soleil s’installe, le rideau transparent et vaporeux me trouble à ce point, que je ne sais plus s’il monte ou s’il descend. Il pare ma chère nature comme les femmes d’antan se recouvraient la tête avant de rentrer dans l’église à l’heure de la prière matinale. C’est l’instant où la forêt prend l’aspect d’une peau satinée qu’on ne se lasse jamais de la caresser. De minute en minute, le merveilleux cède la place à la féérie. Le firmament s’éclaircit, les rayons du soleil lancent leurs premiers avertissements, tels des projecteurs qui se fixent sur les acteurs et les suivent dans leurs évolutions sur la scène.
Humblement, je l’avoue, il m’arrive de me laisser posséder par la jalousie quand l’astre lumineux s’attarde trop longtemps sur ses feuilles encore humides de rosée. J’aurais tant voulu être à sa place, pour déposer un baiser de bienvenue sur chacune d’elle ! Souriant comme un enfant devant la vitrine d’un magasin exposant des jouets, j’applaudis presque dès que le vent s’introduit dans les houppiers, berçant les jeunes rameaux comme des balançoires à la fête foraine. Mais, j’ai aussi tremblé les jours de tempête, alors qu’elle tourmente les cimes, les faisant se rencontrer afin que les arbres prétentieux souffrent pour une fois de leur orgueil, tandis que le bois des uns écorche ceux des autres, occasionnant des blessures par lesquelles s’installent les parasites. C’est vrai ; il m’arrive parfois de regarder avec envie la lumière enserrer la nature à la façon que l’on a, d’étreindre celle ou celui que l’on aime, sans prononcer la moindre parole pour ne pas troubler l’instant qui inscrit dans les cœurs plus de bonheur que le mot lui-même ne peut d’écrire.
Vous avouerai-je que je souhaiterais être la pluie bienfaisante qui pénètre jusqu’au tréfonds de l’âme de la Terre, afin d’y fabriquer dans le plus grand secret les milliers de parfums qui sans cesse nous enivrent ?
À la découverte de ces mots qui n’en sont plus, puisqu’ils se transforment au fil des lignes en de véritables sentiments, sans doute direz-vous de moi que je perds la raison. Peu importe ; il faut aussi que je vous confie qu’il m’arrive de rêver d’être une fois dans ma vie, le temps. Oui, vous lisez bien, le temps, pour épouser parfaitement ses formes et la garder un moment dans mes bras, comme on le fait quand on berce l’enfant dernier né. Alors, je pense qu’il doit être bon d’être l’alizé pour jouer dans les fines feuilles comme un jeune effronté dans les cheveux de sa fiancée.
Je sais de par le monde des hommes qui se prosternent pour saluer le jour qui se lève. Mais c’est d’abord pour toi belle et douce amie verte qu’il éclaire l’univers. J’ai souvent observé dans les matins naissants la joie des fleurs recevant l’offrande de la brume, comme autant de baisers déposés sur les pétales, que l’on aurait désiré voler. Ma chère nature, il me semblait te connaître mieux que quiconque tant je t’aurai adoré, mais mon amour fut solitaire, jamais tu ne m’auras dévoilé tes secrets.
Amazone. Solitude. Copyright 00061340-1
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Commentaires
Depuis que j'ai pris possession de ma petite maison sous les arbres , comme par chez toi , ce sont les premiers rayons du soleil qui frappent au petit jour les vitres de ma chambre .. Nous formons dans notre communauté un bon groupe qui comme toi pensons que nous devons faire plus pour protéger la nature . Mais l'ambition des promoteurs veut plus de place pour construire des lotissements et immeubles et c'est Dame Nature qui en souffre le plus . Quand je passe le pas de ma porte , c'est a l'instant présent que je consacre chaque minute a regarder , écouter et respirer la nature qui m'entoure et je sais qu'elle accompagne chacun de mes pas ..Merci René pour ce belle hommage a la grande Dame .. A bientot ..
Amitié ..
Nicole ..