• Espoirs de Noël

    Je devine que le billet qui suit ne manquera pas de surprendre certaines personnes ; car chez nous, de neige, de mémoire de tapir, nous n’avons jamais vu un jaguar chaussé de godillots aux semelles cloutées, afin de mieux s’accrocher aux troncs et aux branches recouvertes de givre. Cependant, neige ou pluie n’ont en réalité que peu d’importance, car en cette période festive, c’est bien de la misère morale dont je tiens à parler. De par le monde, je ne puis me résoudre à ne pas mettre en évidence ces gens qui, en leur temps furent certainement des plus généreux et aimants, alors qu’en cette fin d’année, beaucoup seront oubliés.

    D’aucuns prétendent qu’au soleil la misère est moins pénible, mais en tous lieux, celui qui souffre a autant mal à l’âme que celui qui n’a le soleil que dans le cœur.

     

    — Voilà donc que décembre a bien installé ses jours, en cette année qui commence à s’essouffler. Mais ce coquin de mois qui devait annoncer une transition entre un automne blasé et un début de saison froide et rigoureuse en a décidé autrement.

    Il n’y alla pas par quatre chemins, décidé qu’il fut à ne pas se faire oublier de si tôt ! Dans ses bagages, il apporta son grand manteau blanc, nous signifiant que l’hiver serait rude. Bien sûr, avec autant de neige recouvrant notre pauvre monde, comment ne pouvions-nous pas laisser courir notre imagination jusqu’à ce moment qui lui, se réjouit de ce blanc immaculé, puisque sur cette nuance, il y dépose une seconde, plus chatoyante ; le rouge qui est associé à Noël ?

    Voici donc le mot tant attendu de la plupart des gens, alors qu’il est redouté par de nombreux autres. Je sais que parmi vous ils s’en trouvent qui ne sont pas à l’aise dans ce concert de consommation. On oublie trop facilement que ce temps de Noël est avant tout, celui du partage et de la réconciliation.

    Connaissez-vous un cadeau que l’on recevrait ou que l’on offrirait et qui serait plus beau que celui d’un cœur délicatement présenté sur son écrin de tendresse ? Une amitié qui aurait survolé les frontières et qui n’aurait jamais pu faire de copie, car chaque jour elle prend un caractère différent, ne cessant de grandir et de se partager ?

    En cette époque de fêtes, il serait tellement merveilleux, si nous pouvions tendre nos bras les uns vers les autres, oser nous regarder au fond des yeux afin d’y découvrir la petite lueur timide qui scintille comme une étoile dans la nuit de Noël.

    Quel cadeau serait le plus agréable à offrir sinon nos mains tendues vers ceux qui souffrent, ceux qui ne croient plus en l’homme ni en un quelconque Dieu qui pourrait les sauver, s’imaginant que ce sont eux qui les ont laissés sur le bord du chemin.

    Pourtant, quel beau présent que celui de quelques mots murmurés dans le creux d’une oreille qui n’espérait plus entendre parler de douceur et d’amour ! Pourquoi ne ferions-nous pas l’effort de partager notre bonté avec ceux que la confiance a oubliés ? Ils sont isolés à traverser un temps devenu indifférent et étranger ; seuls avec parfois au fond de leurs pensées, des relents de haine et de désespoir.

    Si peu de choses sont nécessaires pour que soudainement tout vienne à basculer dans le bon sens, afin que nous retrouvions la clef qui remonte le temps et redonne l’envie au cœur de continuer à se battre. Mais pas seulement ; au pas, lui insuffle le courage d’en mettre un nouveau à la suite du précédent, pour reconquérir ainsi le chemin perdu ou oublier !

    Quelle fantastique surprise à déposer au pied du sapin ! Afin de donner un air de fête, elle serait enveloppée dans le satin, avec, finement gravés ces quelques mots : Je vous aime ! J’entends déjà quelques exclamations me concernant.

    Vous allez penser que je suis un éternel rêveur, un faiseur de songes, un bonimenteur, que sais-je encore. Pardon de vous ennuyer, mais c’est plus fort que moi. Si je ne vous dis pas ce qui me pèse sur le cœur maintenant, à quelle autre époque voulez-vous que je le fasse ?

    C’est maintenant que nous devons offrir quelque chose à ceux qui n’ont plus rien, car donner ne nous appauvrit pas, au contraire cela nous enrichit.

    Puisque j’en suis aux confidences, certains d’entre vous savent que mon cœur est assez gros pour eux. Pour les derniers arrivés et ceux qui n’osaient pas s’arrêter, ils le trouveront sous le sapin. Si quand vous le regardez il commence à battre, alors plus de doutes. Il est bien pour vous. Prenez-le et conduisez-le au chaud. Il n’est pas exigeant, mais il redoute les frimas et il est sobre. Il ne se régale que d’une amitié sincère.

     

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