• L’AUBE DES AMITIÉS

    – Mes amis, je vous ai si souvent parlé du bonheur que j’éprouve d’être en votre compagnie que je ne voudrai pas vous abreuver de paroles que vous connaissez déjà. Toutefois, il est vrai que sans vous je ne serai pas là à me confier dès l’aube d’une journée que certains nous prédisent difficile, le ciel n’étant pas notre cousin ces jours derniers. Qu’importe le temps et ses caprices, il est de saison et il nous appartient de l’accueillir comme un nouveau bienfait. Puis-je me permettre de vous révéler un secret ? Depuis toutes ces années qui m’ont accordé que je traverse l’existence, en fait, je crois bien que chaque lever me parut pénible, parfois même ingrat. Cependant, comme il n’est pas dans mes habitudes de demander à celui qui se noie si l’eau est bonne avant de plonger pour le sauver, je ne m’étendrai pas davantage sur le sujet.

    Ce matin, outre les préoccupations quotidiennes, j’ai éprouvé soudain le brûlant désir de vous dire combien vos visites sont de réelles récompenses, sans cesse renouvelées. Mieux, je ne peux plus tenir secrets que j’aime vos sourires et les signes de la main qui les accompagnent. J’apprécie les mots discrets qui trouvent naturellement le rebord de mon cœur, où ils cherchent refuge. L’amitié sincère est celle qui émane des grandes émotions. En nous, elle devine sans peine où se cache notre corde sensible pour la faire vibrer, jusqu’à lui permettre de jouer une musique, qui, au fil des jours se fait mélodie. Chacun, il est vrai, a sa manière d’exprimer son attachement et sa sympathie. Sans pour autant être des érudits, certains connaissent les mots qui rassurent et apaisent les âmes troublées. Quelques-uns s’adressent à nous à travers des images et des photos qui vous laissent sans voix. Nous aimerions alors les porter à l’oreille pour écouter les messages de la vie qui nous sont confiés.

    D’autres, sans doute les plus timides, posent seulement leur main sur la vôtre. Sans tarder, elle provoque en nous une telle chaleur, que nous comprenons que les mots sont inutiles. De toute façon, nous n’avons pas pour habitude de rajouter une bûche à une flambée qui occupe déjà tout l’âtre de la cheminée. Je ne peux pas ne pas évoquer les traces de ceux qui sont passés sans laisser de signes de reconnaissance. Je les devine à la larme qui exprime une douleur lancinante ; plus elle est longue, et davantage le cœur se serre, en communion avec celui qui à cet instant est comme un navire à la dérive.

    Certes, les réseaux qui abritent nos sentiments nous ressemblent quelques fois. Je pense qu’ils sont nos propres reflets, comme si nous nous regardions dans un miroir. Dans ce dernier, il est vrai que nous ne pouvons pas nous abuser, puisque c’est bien notre image qui nous est renvoyée, alors que derrière les mots, on peut dissimuler notre histoire, et même la travestir. Pourtant, la supercherie ne saurait durer très longtemps, car il y a des accents qui ne trompent pas. Nos pages ressemblent étrangement aux rues de nos villes ou villages. Tout le monde les emprunte sans pour cela saluer ou sourire aux personnes que nous rencontrons. Jusqu’au jour, où parce que les éléments favorables sont réunis, nous finissons par nous aborder sur le seuil de notre propre porte. Ils vous disent avec sincérité qu’ils étaient sur leur planète, mais découvrant que celle-ci les tenait hors de la réalité, ils se sont empressés de reprendre le cours de la vie dont ils n’auraient jamais dû lui tourner le dos. Qu’à cela ne tienne. L’essentiel est que le fil est renoué et que chacun ait compris que nous ne sommes pas que les spectateurs de notre existence, mais bien les acteurs, et qu’à ce titre, nous devons jouer le rôle qui nous a été attribué.

    Que c’est bon, alors d’apprendre que les anonymes ne le sont plus ! Ils nous démontrent l’espace d’un regard qu’ils savent sourire comme tout le monde, qu’ils connaissent les instants de la vie comme tout un chacun, et parfois, mieux, car quelques-uns ont la sensibilité à fleur de peau. Soudain, les mains se tendent, les visages s’éclairent comme le jour retrouvant la clarté. Dans les yeux des nouveaux compagnons,  bien que le soleil soit au zénith, des étoiles scintillent aussi fort que dans une nuit d’été. C’est alors que nous apprenons la raison de la longueur des années. Elles le sont pour que dans chaque matin qui représente le sourire de la vie, nous rencontrions une âme isolée, et qu’elle grandisse jusqu’à s’épanouir. Le jour lui prête son temps afin qu’elle découvre des amitiés, des vraies, de celles qui savent si bien nourrir les cœurs.

    Hélas ! Si j’affectionne particulièrement les sympathies qui naissent avec l’aube, je ne puis oublier celles qui s’éteignent discrètement dans l’intimité des soirs, car elles aussi, m’avaient apporté beaucoup de bonheur.

    Amazone. Solitude. Copyright N° 00061340-1

     

     

     

     

     


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