• L'écologie, un art du savoir vivre

    — Voilà le mot lâché ! Écologie ; combien sont-ils vraiment ceux qui savent de quoi il retourne lorsqu’ils évoquent ce mot qui n’est rien d’autre que le véritable art de vivre que nous n’aurions jamais dû oublier, tandis qu’il nous collait à la peau ?

    Contrairement à ce que nous pouvons imaginer, l’écologie n’est pas le privilège des temps anciens.

    Avec un peu de réflexion, nous aurions très bien pu l’adapter à notre façon de vivre plus moderne en plagiant la nature qui elle, sut bien avant nous se fondre dans les nouvelles conditions climatiques.

    En ces temps où le mot écologie est plus galvaudé qu’utiliser à bon escient, je voudrais vous parler de la plus belle manière d’être que l’homme n’ait jamais inventée. Notre immense forêt. Elle n’est pas un exemple parmi des dizaines d’autres, elle en est en toute humilité le modèle. Pour la comprendre, elle nous montre que nous devons penser comme elle. L’écologie, elle se refuse d’imaginer qu’elle en a inventé le mot. Elle la pratique depuis toujours ; depuis ce jour où une graine venue d’on ne sait où rejoignit le sol et dressa sa tige vers le ciel.

    Dans la plus grande discrétion, car la forêt se nourrit d’humilité, elle se contente de vivre avec ce qu’elle invente. Elle n’a nul besoin de la main de l’homme pour l’aider dans sa tâche. Attention, je ne prétends pas qu’elle est innocente et au-dessus de tous soupçons. Quand on l’observe en prenant son temps, on voit bien qu’elle gaspille énormément ! Elle s’entête à fabriquer des stocks d’humus qu’elle ne sait plus que faire, dans lequel s’imbriquent les systèmes radiculaires voraces, heureux de ne pas avoir à chercher plus loin de quoi nourrir bois et feuilles. Il est vrai que les sols sont tellement lessivés par les pluies tropicales, que de toute façon, ils ne trouveraient pas grand-chose comme éléments nutritifs à se mettre sous la radicelle. Mais le principe est pervers, car dans son immense générosité, il fragilise l’ensemble forestier.

    Sur le matelas confortable, véritable terreau de la vie, les arbres grandissent à une allure vertigineuse. La concurrence est rude ; c’est à qui flirtera avec les nuages en premier. Pas solidement ancrés dans le sol ingrat, les sujets se développant au-dessus de lui sont obligés d’imbriquer leurs houppiers les uns dans les autres, ainsi que leurs racines, jusqu’au moment où plus personne ne reconnaît ce qui lui appartient.

    La forêt présente un bloc solidaire, nous laissant croire qu’elle est solide alors qu’en fait elle est très fragile et vulnérable. Au hasard de vos explorations si vous vous aventurez sous son couvert, en apercevant une éclaircie, n’allez pas imaginer que vous êtes proche d’une lisière.

    C’est un chablis ; c’est-à-dire qu’un géant, blasé par les promesses non tenues, s’est affaissé, emporté par le désespoir. Refusant de partir seul, il a entraîné avec lui des dizaines d’innocents, qui, jusque là, ne connaissaient de l’existence, que la lumière diffuse, que leurs aînés leur accordaient avec parcimonie, presque à regret.

    Soudain, à la suite d’un bruit effroyable de fin du monde, voilà qu’une brèche est ouverte dans la forteresse verte. Le soleil peut enfin voir ce qui lui échappait jusqu’à lors, favorisant ainsi l’émergence d’une vie nouvelle. Des milliers d’insectes installent leur campement sur le malheur végétal. En quelques années, avec l’aide précieuse de leurs amis les champignons, la catastrophe ne sera plus qu’un lointain souvenir. Soudain, c’est un véritable marathon que l’on n’a jamais connu qui s’ébranle. C’est que chaque espèce sait le prix à payer pour avoir la tête au soleil. Les plus costauds bousculent les plus faibles qui sont condamnés à demeurer dans l’ombre des premiers. Le ciel bleu qu’ils avaient aperçu restera en leur mémoire, les aidant à rendre meilleurs, les jours tristes et sombres.

    Sous les nouvelles frondaisons qui se développent, les reliefs des végétaux attendris par les mycéliums complices disparaissent rapidement dans les tubes digestifs, après être passés par les puissantes mandibules broyeuses des insectes voraces et jamais rassasiés. Sur ce que l’on pensait être une catastrophe écologique, un merveilleux bonheur s’installe. De la désolation va naître des espèces végétales ou animales nouvelles.

    Des orchidées fleuriront laissant croire que ce sont les condamnés qui sourient une dernière fois. La forêt se reconstitue et pour une fois, on osera dire que la mort des uns embellit l’existence des autres, en leur offrant ce qu’il y a de plus merveilleux : la vie, qui ici prend le nom d’écologie.

    Amazone. Solitude. Copyright N° 00048010

     

     

     

     


  • Commentaires

    1
    Vendredi 27 Janvier 2017 à 14:31

        Merci  René  .. Dans  ce  merveilleux  texte  sur  l’écologie  , je  découvre  toutes  les  couleurs  de  ta  belle  foret ..Un  tableau  qu'il  faut  admirer  tous  les  jours  pour  le  croire  et  moi  qui aime  la  nature , je  suis  en  admiration  et je  te  crois ..
    Merci  ami  lointain ..
    Amitié  des  US  a  partager  avec  ton  épouse  ..
     Je  vous  embrasse  amicalement ..
    Nicole ..

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :