• La légende de la lumière

     

    La légende de la lumière


    — Dans notre coin de forêt, il se murmure une légende que l’on ne peut entendre que lorsque l’alizé suspend son souffle à la cime de l’angélique, afin d’y prendre un repos bien mérité. Il n’y a guère que les initiés qui peuvent surprendre les chuchotements qui se transmettent de rameau en rameau. Mais écoutons ces murmures que nous relatent les sages, dans l’intimité des ténèbres.

    — Alors que notre terre n’était que des poussières malmenées par les vents solaires, une nuit profonde régnait dans l’univers où les constellations se heurtaient, projetant les unes et les autres, toujours plus loin vers la périphérie de l’espace, dont nul érudit ne savait où il commençait et où il finissait.

    C’est le moment que choisit le créateur pour réunir les éléments les plus résistants pour les élever au rang de planète à part entière. Il y faisait sombre et froid. La nuit vint trouver celui qui avait tant de puissance et se lamenta auprès de lui afin qu’il éclaire cette surface nue sur laquelle se désolaient de ne pouvoir naître les premières graines tombées d’autres planètes.

    Conscient que l’œuvre réalisée n’était qu’à ses premières ébauches, il demanda aux vents célestes de la pousser hors de l’univers de la nuit. Il ne fallut guère de temps à la lumière pour devenir d’abord un rayon, puis, dans un ultime effort, il plaça le soleil dans l’axe de celle qui n’allait pas tarder à devenir la plus belle du système solaire : celle, que plus tard on nommerait « la planète bleue ».

    Après un repos bien mérité, le créateur comprit qu’il ne pouvait laisser un tel espace sans ornement. Les premières semailles terminées, suivirent les plantations et le partage de la surface en jardins merveilleux dans lesquels se firent entendre les premiers oiseaux.

    Contemplant longuement le travail accompli, le promoteur de tant de beauté se dit qu’il manquait dans ce décor un élément essentiel. À quoi pourrait bien servir la richesse si personne ne peut l’admirer ni même la partager ?

    Il créa la femme et la couvrit de fleurs délicates qu’il présenta à l’homme qui vint immédiatement après. Constatant que les deux nouveaux arrivants semblaient s’entendre, le créateur se dit qu’il pouvait se retirer, car la terre était maintenant entre de bonnes mains. Effectivement, ils vécurent heureux des années qui leur parurent une éternité, s’entourant d’une nombreuse famille.

    C’est alors que les choses commencèrent à se gâter. D’abord, ce fut la lassitude de l’environnement trop parfait qui les incommoda. Les disputes étaient fréquentes et ils décidèrent que le temps de se séparer était venu. Ils devaient aller plus loin, explorer les jardins et à leur tour inventer quelque chose de nouveau.

    Les uns créèrent les sentiments, mais ils ne leur suffisaient pas. Ils se réunirent donc et réfléchirent quelque temps. Hélas ! De ces réflexions naquit le malheur, qu’ils s’empressèrent d’aller distribuer aux quatre coins de ce qu’ils appelaient leur royaume.

    Pendant que les uns semaient les calamités, les autres donnèrent forme et vie à un sentiment beaucoup plus noble. Ils l’appelèrent le bonheur. Ils partirent rapidement par les chemins qui s’élargissaient sur leur passage, car il fallait sans tarder l’installer dans les cœurs des nouveaux occupants. Ce ne fut pas une mince affaire, car s’il est facile de répandre le désastre et la méchanceté, il est plus difficile de persuader les hommes d’accueillir la félicité.

    Il fallut du temps et de la patience pour convaincre ceux qui étaient devenus méfiants après le passage des semeurs de discordes. Chaque matin, il fallait les réunir sur le rivage de l’océan avant que le soleil vienne de ses rayons chasser les ténèbres et réchauffer les esprits.

    Depuis ce temps lointain, rien n’a vraiment changé. Nous devons sans cesse persuader ceux qui nous entourent que la lumière nous est indispensable. Elle seule pénètre au fond de nos cœurs et nous protège des mauvais esprits qui fomentent la terreur dans la noirceur des ténèbres.

    Aujourd’hui, c’est à nous que revient le privilège de faire lever le jour dans les cœurs de ceux chez qui elle tarde à paraître ou qui trouvent refuge dans l’ombre de la solitude, car si nous devons trouver des réponses à nos difficultés, c’est dans la lumière qu’elles résident, attendant notre venue. 

    Amazone. Solitude.  

     

     


  • Commentaires

    1
    Jeudi 18 Août 2016 à 18:10

             Merci  René  pour  ce  texte  qui  me  plaît ....
      Pourquoi  faut  il  que  l'homme  ne  soit  jamais  satisfait  de  ce qu'il  possède , il lui faut  toujours  plus  pour  être ,  soit  disant  heureux ... jusqu'au  jour  ou  il  réalise que  la vie  se  termine  et  qu' il  partira  pour  toujours  sans  avoir appréciée  la petite  lumière  qui  brillait  dans  son  cœur ..Bonne  soirée  ami  lointain ..
    Amitié  des  US  a  tous ..
    Nicole .. 

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