• Le prix de la liberté

    Le prix de la liberté

    Première diffusion 26 Avril 2008

     

    — De toutes les créatures peuplant notre vaste monde, il en est une qui ne cesse de me surprendre. Elle fut classée au rang des animaux jusqu’au jour où elle décida de se mettre à l’écart de sa nombreuse famille.

    En effet, ne s’estimait-elle pas investie de pouvoirs supérieurs ?

    Elle pouvait s’exprimer, penser, fantasmer et mettre en pratique tous ses rêves.

    Immédiatement, les animaux reculèrent devant tant d’orgueil déployé, car ils étaient les seuls à comprendre que si leurs voisins s’étaient redressés et pouvaient échanger autrement que par gestes et autres parades nuptiales pour conquérir une compagne, ils perdaient le bien le plus précieux dont la nature les avait dotés ; l’instinct qui permet à une espèce de survivre et de s’adapter.

    Vous l’aurez compris ; c’est de l’homme qu’il est question au fil de ces modestes lignes. Bien sûr, qu’il progressât, sa marche en avant fut telle, qu’il se dépassa dans son empressement à conquérir la planète afin de la réduire à ses fins personnelles et en devenir le maître incontesté. L’intelligence qui se fit jour en lui en lieu et place de l’instinct, le desservit plus qu’elle lui vint en aide si l’on en juge le résultat obtenu. Certes, l’homme bâtit beaucoup, il inventa tout autant, mais toutes ces prouesses grandirent sur les échecs successifs de la capacité à respecter son voisinage. La majorité de ses inventions se retournent contre lui, car il n’en maîtrise pas le destin.

    L’environnement s’épuise, les terres refusent de produire, les fleuves et rivières se transforment en poison au lieu d’apporter la vie et les populations fuient devant ce fléau qui les pousse au désespoir.

    Je sais bien que l’on ne peut pas mettre tous les évènements négatifs sur le compte des hommes ; mais bien souvent, l’ignorance et le mépris ont précipité notre chute vers ce que l’on qualifiera bientôt d’enfer. Ironie du sort ! Pour fuir cet enfer qui se dessine sur l’horizon, chaque jour par le monde des gens meurent parce qu’ils avaient eu la naïveté de croire que la vie pouvait être la petite sœur de l’éternité.

    Il s’est même trouvé des charlatans pour leur expliquer que la liberté leur tendait les bras et que la misère ne saurait être un sentiment qui résiderait au sein des familles et que l’on pouvait l’exorciser au même titre que les maléfices déposés malicieusement sur le seuil des demeures convoitées par les marchands d’illusions.

    Ils ont cru les beaux parleurs, les négociants en tous genres qui n’avaient qu’un objectif : dépouiller les innocents de leurs maigres richesses. Ils ont acheté l’espoir et la liberté au prix fort, celui de leur existence ! Chaque jour, les colonnes d’hommes trompés s’allongent, parfois abandonnées dans le désert tandis que d’autres s’embarquent sur de frêles esquifs en guise de paquebots.

    De nombreux voyageurs désespérés ne connaîtront d’autres destinations que le creux des vagues où trop souvent ils disparaissent. Pour tout linceul, la vague suivante les recouvrira si vite que le ciel lui-même n’aura pas le temps de s’attarder sur leur misère.

    Séparés de tous, livrés à l’indifférence des autres peuples, les exilés de tous pays n’en finissent plus de connaître les exodes, refoulés de tous côtés.

    Des peuples s’éteignent dans d’atroces souffrances, laissant derrière eux de profonds sillons creusés par leurs mains. Ils ont fui l’oppression, le viol, l’esclavage et s’en sont allés par les pistes à la rencontre d’autres infortunes.

    L’homme aurait donc, gravé dans le cœur, les lettres de la méchanceté ? Pareille aux braises qui attendent un souffle pour se ranimer, la malveillance guette l’instant opportun pour se manifester. Les atrocités commises ici et là transforment les pistes et les savanes jadis accueillantes, en dernière demeure et les hyènes et les charognards se disputent les rêves des cadavres jonchant le sol, avant qu’ils ne rejoignent un paradis qu’on leur avait promis. Parfois au détour d’une piste, nos pas butent sur un modeste pagne ; tel un lien, il réunit à jamais le corps de l’enfant à celui de sa mère.

    Bourreaux de tous pays, n’avez-vous pas appris de vos pères que les chasseurs d’un jour seront les gibiers d’un autre temps et que pour devenir plus fort, il est inutile de dévorer le cœur et l’âme de son prochain, car la vie des uns et des autres n’est jamais supérieure à la nôtre à celle des autres ?

    Il est vrai qu’au fil de l’évolution, bien des générations humaines, animales ou végétales ont disparu. Mais l’installation progressive de notre planète en était alors la seule responsable. De tous les hommes qui disparaissent aujourd’hui de la surface de cette Terre qu’ils ont tant aimée, ensemble ils peuvent désigner les coupables : leurs frères ; ces gens avides de pouvoir qui se prétendent des héros !

    Hélas ! Depuis longtemps, nous savons tous où reposent les héros !

     

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