• Le temps d'une pause

    — Combien de fois l’envie de stopper en chemin nous a-t-elle effleurés ?

    N’avez-vous jamais éprouvé le besoin de faire une pause, comme une sorte d’arrêt sur image pour citer une expression moderne, parce que vous veniez de réaliser que vous étiez en train de vous laisser tirer par les évènements ?

    Il est bien connu que si soudainement nous cessons de respirer, il ne nous reste que peu de chance de parcourir le long chemin qui nous était attribué.

    Alors, retrouvant nos esprits, et délaissant toutes les activités en cours nous nous installons confortablement en un lieu propice au bien-être, qui favorise la méditation et nous permettons à la vie de reprendre sa place au plus profond de notre être.

    Nous laissons d’abord les pensées encombrantes se noyer dans l’élixir du souffle nouveau qui remplit nos poumons, afin que notre sang le véhicule dans le labyrinthe de notre réseau de vie. Nous voilà parfaitement détendus, inspirant à pleins poumons, comme si nous voulions faire provision de l’air frais, et ce, pour l’éternité.

    Nos yeux se posent ensuite sur la nature, qui soudainement, elle aussi s’est arrêtée de respirer pour nous observer, mais pour une fois, avec bienveillance, signe qu’elle croit en notre prise de conscience.

    Elle se livre alors comme jamais elle nous était apparue avant ce moment magique. En cet instant, nous n’osons prononcer les mots qui forcent nos lèvres pour exprimer nos sentiments nouveaux.

    Belle, infiniment belle et douce, sûre d’elle, toujours désireuse d’exister, ne cessant d’être heureuse, même dans le combat qu’elle mène pour assurer sa survie.

    C’est alors qu’en nous prennent naissance des dizaines de questions.

    Et si nous avions manqué quelque chose d’important dans la distribution des jours ?

    Si nous nous étions trompés dans l’interprétation de la lecture de l’existence ?

    Voilà que le doute est parfaitement installé en nos esprits.

    Est-ce trop tard, pour en prendre conscience ?

    Non, nous sommes convaincus qu’il ne saurait être l’être. Ce qui est bon ne peut se refuser éternellement à nos émotions.

    Nous sommes seulement passés à côté de l’essentiel, le regard attiré par la cohorte des choses inutiles qui encombrent nos chemins. Nous sommes bien honteux de nous rendre à l’évidence. Nous venons de comprendre que nous avons souffert durant des années sur un parcours qui n’était pas le nôtre, mais celui des chimères et des personnages que nous découvrons seulement dans les allégations des diseurs de bonne aventure. Nous pinçant pour y croire vraiment, nous nous apercevons que nous sommes bien des êtres de chair et de sang, que nous n’avons jamais ressemblé à des personnages imaginaires, dépourvus de cœur et de sensibilité qui n’auraient jamais découvert l’amour et l’amitié.

    Alors, pourquoi nous sommes-nous laissé dépouiller de nos rêves ? Pourquoi et comment nous a-t-on dérobé notre espérance ? Étions-nous donc si naïfs pour être restés aussi longtemps sans réaction ? Que pouvait-il bien avoir de si important dans la société pour que nous y accordions toute notre attention et que nous lui abandonnions nos désirs ? Par quel miracle n’avons-nous pas aperçu nos silhouettes dans le grand miroir qu’elle dressait sur notre passage ? Évidemment, nous étions si nombreux qu’il nous était impossible de nous reconnaître ! Alors, indifférents à ce qui pouvait advenir de nous, nous avons laissé les autres s’accrocher à nous telles des sangsues.

    Pour qui, pour quoi ?

    Quel que soit le végétal que nous plantions, la graine que nous semons, elle se forcera toujours pour nous offrir des milliers de fleurs et autant de fruits. Mais le monde à qui nous avons consacré notre vie et nos passions, que nous accorde-t-il en retour ? C’est alors que réunissant nos maigres acquis, nous nous apercevons qu’ils ressemblent davantage à quelques aumônes qu’à une reconnaissance pour services rendus.

    Alors, le cœur au bord des lèvres, nous découvrons avec amertume que nous avons passée une partie importante de notre vie à exister et nous appliquer pour que vit une chose pour laquelle nous n’étions pas destinés.

    Sur la route qui nous semblait cependant si belle, nous n’aurions dû y rencontrer que des amis et l’amour de ceux qui nous sont chers. Chaque jour vécu ne devait pas ressembler à un sacrifice, mais une obole que nous devions partager avec nos complices et surtout ceux qui ont perdu l’espoir.

    Amazone. Solitude. Copyright N° 00061340-1

     

     

     


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