• Pour les mères oubliées

    Pour les mères oubliées

    La « drôle » de vie que nous menons nous fait souvent oublier qu’à travers certaines circonstances nos regards survolent les émotions comme s’ils cherchaient à se dérober à la vérité. Nous n’écoutons que le tapage médiatique qui martèle du matin au soir des annonces vantant les bienfaits d’un produit ou d’un autre, par crainte que nous finissions par oublier un évènement, quel qu’il soit, pourvu qu’il rapportât des profits en lieu et place de sentiments venus du cœur.

    Je sais qu’en cette veille de la fête des Mères, il en est de nombreuses qui ont le cœur qui se serre et dont les larmes ne pourront se retenir de monter aux yeux, poussés par de nombreuses autres, avant de s’écouler sur des joues qui auraient préféré une douceur plutôt que l’amertume. Celles du cœur sont plus douloureuses, car elles arrachent au passé des lambeaux de bonheur. La vie d’une mère devrait-elle donc être semée de souffrance et d’angoisse ?

    Le rêve et le bonheur seraient-ils donc interdits à celles qui donnèrent le plus beau de tous les cadeaux, même aux hommes devenus les moins méritants je veux dire la vie ?

    L’oubli, l’ingratitude, et parfois le reniement ; est-ce là le remerciement qu’elles reçoivent après avoir fait don de leur personne ?

    Non, mères, dans nos cœurs vous n’êtes pas oubliées. Je ne puis évidemment pas parler au nom de tous les enfants, mais je voudrais que vous sachiez que dans les pensées de certains vous êtes toujours présentes.

    Au nom de tous ceux qui veulent bien s’associer à moi, nous vous offrons non pas un modeste bouquet, ni même une brassée de ces fleurs qui envahissent les prairies sous le soleil printanier, mais un tombereau de celles multicolores, embaumant l’air de leurs fragrances, jusqu’à faire chavirer votre cœur et se pâmer votre âme.

    Certes, elles n’ont pas la prétention de remplacer les sourires de l’enfant, ni sa tendresse quand, du haut de son innocence, maladroitement il vous serre dans ses bras en vous murmurant que de toutes, vous êtes la plus belle et la plus douce. Certains de ces petits bras mères, qui enserraient gauchement le tour de votre cou, se mirent à grandir et vinrent un jour à faire celui de votre taille et plus encore celui où ils se refermèrent sur votre peine aux soirs de jours devenus sombres et tristes.

    À vous, mères qui restaient seules, enfermées dans vos pensées comme dans une chambre noire, je dédie la douceur de l’herbe tendre sur laquelle fleurissent des milliers d’autres fleurs aux couleurs du soleil pour réchauffer votre cœur meurtri. Ce tapis d’herbe se transformera en un tapis moelleux qui gardera l’empreinte de vos pas. Ils se transformeront en autant de cœurs dans lesquels se réfugieront la douceur et l’amour du passé soudain retrouvé.

    Mères oubliées des vôtres, du temps et de l’amour, pour qui nul enfant ne viendra, empreint de timidité, mais avec une certaine fierté dans les yeux, déposer sur vos joues des baisers affectueux ; acceptez que je vous offre ces belles à la corolle colorée, symboles des sentiments qui parfois ont de la difficulté à s’avouer. Elles aussi sont timides, mais délicatement, du bout de leurs pétales, elles expriment les mots dont vous rêvez au plus profond de votre solitude. Elles n’osent ou ne savent pas le dire ; mais elles nous font comprendre qu’une mère reste à jamais une mère, car, à votre image lorsque vous ouvrez en grand vos bras, elles le font de leur calice afin que vous aperceviez leur cœur.

    Au long de ma modeste existence qui me vit parcourir de nombreuses routes sur lesquelles j’ai rencontré beaucoup de mères, jamais je n’oubliais de leur souhaiter une heureuse fête.

    J’ai eu le privilège d’offrir d’innombrables bouquets de fleurs champêtres ou de cultures à certaines qui marchaient sur les mêmes chemins que j’empruntais. En de nombreuses circonstances, je dus consoler d’autres femmes que le bonheur avait oubliées, toujours pressé qu’il est de s’enfuir d’un lieu où le danger planait, oubliant que dans les demeures, ils n’étaient pas que des gens, mais vivant au plus près d’eux et même en eux, des sentiments convergeant vers un même lieu : le cœur, ne craignant pas de s’exposer au regard de l’être aimé, mais aussi de l’étranger d’un jour. En bravant quelques interdits, j’ai parfois rendu le sourire à des visages qui avaient oublié jusqu’au nom de cette douceur qui permet de distinguer les nuances du jour. Vint le temps où à mon tour je pris une épouse ; elle devint une merveilleuse mère, comme si le temps de paix était enfin installé sur la Terre.

    Mais il n’y aura eu qu’une seule mère que je n’aurai jamais serrée dans mes bras, une seule à qui je n’aurai jamais offert la moindre rose même en rêve et à qui je n’aurai pas confié les mots qui réconfortent dans le soir des jours trop longs et qui pourtant guérissent les plaies les plus profondes ; la mienne !

    Alors, où que tu sois, en ce jour consacré à celles que l’on dit être les plus belles, parmi ces fleurs, il y en a une pour toi. Tu ne peux pas ne pas la remarquer. Elle s’est embellie d’un cœur énorme sur lequel il est écrit « je t’aime » et juste dessous ; bonne fête maman !

     

     

    Amazone. Solitude. Copyright N° 00048010 


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