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Quand le ciel devient menaçant 2/2
— Je vous disais, précisément, qu’en cette matinée les nuages se font de plus en plus lourds et semblent incapables de s’élever. Leurs ventres gonflés de pluie se déchirent sur les cimes des plus grands arbres, déversant leur eau qui tombe en cascades de branche en branche, d’un rameau à un autre, glissant sans possibilité de se retenir sur les feuilles courbant leurs limbes afin de s’en débarrasser au plus vite. Après avoir rebondi une dernière fois de plantes en fougères, elle disparait dans l’humus avant de la laisser s’égarer dans la solitude des entrailles de la forêt. Je sais, c’est une bien triste fin pour une eau qui se voulait salvatrice ; mais que lui prit-elle pour se déverser de façon aussi violente et en aussi grande quantité sur des éléments déjà saturés ?
Prêtant une oreille à ce déluge, le murmure de la forêt s’est transformé en une respiration saccadée. Comme s’il désirait se poser sur la Terre, le ciel est de plus en plus bas. En rangs serrés, les hallebardes piétinent le sol telle une armée en campagne, nous laissant croire que nous n’appartenons plus à notre bonne vieille planète. Adieu ! Murmures et sourires de la nature, voilà que les éléments nous préfigurent ce que sera le purgatoire, antichambre du paradis, paraît-il, où l’on devra déposer tout ce qui a contribué à faire de nous des hommes, c’est-à-dire nos qualités, nos défauts et nos espérances.
Un instant d’égarement me laisse à penser que je pourrais, en tendant la main, éventrer une partie de ce ciel qui nous opprime, afin d’entrevoir par la déchirure les responsables de notre infortune. La rumeur de la forêt fait place aux gémissements de ce que je crois être le désarroi des anges qui doivent chercher en vain, un lieu où s’y réfugier. J’ai bien envie de leur ouvrir la porte, afin que les nôtres trouvent en notre foyer un peu de douceur, mais poussé par le vent, c’est la pluie qui s’engouffrerait, tombant à la diagonale, afin de n’oublier sur son passage aucune surface sèche.
Nous n’avons aucune peine à imaginer que notre monde est à l’agonie, tant les gémissements de toutes natures s’y font entendre. Cependant, même dans les moments de grande détresse, pour nous rassurer, nous avons le pouvoir d’imaginer qu’en un lieu de notre belle planète, des enfants doivent jouer dans des flaques d’eau, d’autres, plus jeunes, sont encore accrochés au sein de la mère devinant que celui-ci va se tarir, tandis que sous les nuées d’été, des amoureux doivent échanger des promesses sous les regards narquois de fleurs qui accrochent de nouvelles couleurs à leurs corolles pour mettre leur cœur en évidence, à l’instant où il libère ses premières fragrances pour séduire l’abeille. Mais pour l’heure, chez nous, ce ne sont pas des éclats de lumières que nos fleurs diffusent, mais bien des lambeaux de cœurs détruits à jamais. Ce ne sont plus des gouttes de pluie qui roulent sur les pétales flétris, mais de véritables larmes, de celles qui épuisent l’âme tant elles sont nombreuses et douloureuses.
Et puis, comme toujours, même au cœur de la tourmente, l’espoir renaît et s’installe à nouveau dans le cœur des hommes, car il n’aime pas les voir sans aucun sourire illuminer les visages aux traits tirés.
On se prend à croire que si le vent a poussé une partie du ciel au-dessus de nous, il n’y a aucune raison pour qu’il ne les emmène pas plus loin. C’est alors que l’on voudrait qu’il choisisse une terre désolée et exsangue, sur laquelle depuis longtemps, aucune récolte n’a procuré le moindre bonheur aux hommes. C’est que, voyez-vous, la Terre n’est pas seulement un caprice du ciel ; elle est avant tout la mère nourricière de tous les hommes !
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Commentaires
Comme les trombes d'eau qu'elles déversent , les tempêtes ont toujours fait très peur .
Je me souviens quand l'ouragan Andrews a frappé les plages de la Caroline du Nord en 1992 , nous étions seule Nathalie ( notre fille ) et moi et toute la nuit blottit l'une contre l'autre , cachées sous les escaliers de notre maison ..Quand Jacques est venu le lendemain , il ne pouvait pas croire le nombre d'arbres déracinés . Plus d' électricité et le bruit infernal du vent qui secoue la maison par rafales ..Ou nous avons eut le plus peur fut en 1971 en route vers New York sur l’océan déchainé pendant 8 jours ..Le Capitaine disait a Jacques qu'il n'avait jamais traversé une si grosse tempête .. Toute la vaisselle fut cassée , ils avaient barricadées portes et fenêtres . Rester enfermer avec deux jeunes enfants dans la cabine pendant 8 jours ..On aurait put sombrer dans les profondeurs de océan ..Ils y avaient 1800 passagers sur le bateau ..
Quand on a vu le gros chalutier sombrer en décembre au sud de la Floride avec 40 passagers sans avoir eut le temps d'appeler les secours , ça fait vraiment très peur , et on ne peut rien faire que se mettre a l'abri et attendre que ça passe .. J’espère que vous n'avez eut aucun dégâts ..
Bonne semaine René .. Amitié des US a tous ..
Nicole ..
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Bonjour René, des trombes d'eau qui se déversent sur nous, nous l'avons vécu en novembre lors des gros orages qu'il y a eu sur la côte d'Azur.. C'était effrayant d'entendre la pluie et le tonnerre...Nous avons eu la cave d'innondée par le ruissellement des eaux...
Je vous souhaite de passer une bonne journée.. Bons baisers