• Quand le songe se fait réalité

    — Pourquoi nous faut-il si longtemps pour nous apercevoir que ce que nous cherchons ailleurs est en nous ? Sommes-nous si distraits que nous ne voyons que l’essentiel et non les particularités ? Sommes-nous donc sourds à ce point que nous n’entendions pas ce que le vent murmure à notre oreille ? Bien sûr qu’avec l’aide d’une nouvelle aurore nous nous réveillerons, mais tout ce temps à chercher à comprendre, n’est-il pas perdu ? Notre cœur n’a-t-il pas souffert d’avoir négligé tant d’amour, tant de beauté et tant de joie ?

    Il nous aura fallu cheminer des décennies à travers l’existence, aux côtés de la vie pour nous que nous prenions conscience de sa valeur et de sa grandeur ! Jusqu’au réveil, nous sommes restés indifférents aux efforts du jour et de la nuit qui se désespéraient en nous faisant des signes pour attirer notre attention.

    Certaines aubes étaient si belles, drapées de voiles fins d’une brume qui s’accrochait aux rameaux garnis d’orchidées odorantes ! On pouvait alors supposer que la nature tout entière désirait nous faire découvrir l’ivresse due aux fragrances de ses richesses fleuries intimement mêlées, qu’il est à regretter que nous n’ayons pas voulu les voir plus tôt ! Comment ne les avons-nous pas sentis ces parfums qui nous disaient que nous pourrions aussi bien être au paradis ?

    Toutes ces nuits que nous avons refusé de contempler, nous offraient pourtant leurs ciels illuminés où nous aurions découvert qu’en chaque étoile scintillait un espoir !

    Alors que nous passions près de l’océan, notre esprit soudain était ailleurs.

    Cependant, il était bien là, ressemblant à un cœur immense battant au rythme des marées, déposant à nos pieds ses vagues écumantes de joie comme autant de déclarations d’amour. À l’instant où la nature se reprend son souffle, l’océan devinant qu’elle a besoin de calme s’en va jouer sur d’autres plages autour du monde et nous, nous ne ressentions pas ces moments de douce quiétude.

    Alors que mes pas foulent la mousse des sous-bois, je comprends maintenant que mère nature est parfaite. En son sein, rien ne manque, dont nous avons besoin. Dire qu’elle est ainsi depuis toujours et qu’il a fallu qu’un jour notre pied vînt à buter contre un petit bonheur pour qu’enfin nous embrassions ce monde qui nous avait été réservé et que nous ignorions ! Même le soleil ne fut jamais en reste, s’élançant alors que l’aube n’a pas encore rosi, montant très haut dans le ciel imaginé à sa mesure. Il semble utiliser les nuages posés là pour lui afin qu’il joue avec eux tout le jour et nous indiquer par des signes discrets que le soir se dessine au-dessus du monde et qu’il est temps de mettre notre amour à l’abri.

    Il veut nous faire concevoir à défaut de mots, mais avec ses couleurs de ne pas nous inquiéter qu’il ne tarderait pas à revenir pour éclairer d’une lumière toujours plus belle les aubes accompagnant notre vie. Comment sommes-nous passés si longtemps à côté de la plénitude sans la remarquer ? Sommes-nous donc ces étrangers venus de l’ombre, vivant dans un monde à part, marchant avec la foule qui nous malmène comme une coquille de noix sur une mer en furie ? Alors je me dis que nous ne devrions plus tarder à recommencer notre vie dans ce paradis qui nous est tendu et que nous n’osions même pas voir, égarés dans la noirceur de nos pensées.

    Pour nous, nous ne cherchons plus. Nos songes n’en sont plus. Ils sont devenus réalité sur le seuil de l’Amazonie.

    La nuit, ce sont eux qui viennent border nos rêves. Nous avons découvert tous les ingrédients indispensables pour rendre les gens heureux. La vie depuis ce jour se respire à pleins poumons. Le ciel ne se soucie plus de nous et ne se gêne pas pour flirter en toute tranquillité avec l’univers.

    L’océan, quand il se retire, va au loin à la rencontre d’un autre auquel il confie sa joie, comme autant de baisers que s’échangent les amants.

    Autour de nous, la nature est généreuse et séduisante. Elle produit sans jamais s’épuiser. Il en sera ainsi jusqu’au dernier jour, si nous en prenons soin. Nous avons admis une fois pour toutes que la vie nous était indispensable, certes, mais trop courte, pour tout voir, tout comprendre et tout entendre. Ici, nous savons que la liberté a une couleur et une saveur et des milliers de parfums. Nous l’avons découverte attachante et aimante, puisque depuis, pareille à l’amitié, elle nous colle à la peau.

     

     

    Amazone. Solitude. Copyright N° 00048010


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