• Que la lumière soit...

    Que la lumière soit...

     — Il est des évènements qui, parfois laissent des traces qui seront longues à faire disparaître, si toutefois le temps lui-même daigne nous en laisser suffisamment, afin de permettre aux intempéries de prendre le leur pour effacer les injures que nous infligeons à certains peuples répartis autour du monde.

    J’ai passé beaucoup de temps à regarder vivre le monde dans lequel nous évoluons et j’avoue qu’il m’est arrivé de craindre que le fossé qui s’élargit séparant les uns des autres m’attire dans ses profondeurs. Avec un certain entêtement et un puissant vouloir à faire se dépasser les hommes, pensais-je naïvement, aidés de quelques bonnes volontés et de bras robustes, nous pourrions bien finir par combler cette fracture ?

    Ainsi, n’aurions-nous pas à construire de ponts ni de fragiles passerelles pour aider les hommes à aller au-devant des uns et des autres.

    Malheureusement, c’était sans compter avec l’entêtement des responsables qui ont du mal à être en phase avec la chronologie du temps, quel que soit le sens de la navigation.

    Il me revient souvent à la mémoire des réflexions glanées de-ci de-là au cours de mes voyages. Des amis me disaient qu’il fallut des siècles pour faire admettre à une poignée d’hommes que nous n’étions pas les valeureux descendants des Gaulois !

    Il est quand même surprenant comme la mémoire de certains individus s’arrête à ces irréductibles, alors que l’homme fit ses premiers pas bien longtemps avant eux et pas très loin d’ici, dans le berceau de l’humanité. De génération en génération, l’histoire est parvenue jusqu’à nous. Pour quelques-uns, elle fut un véritable moteur qui la tira vers l’avant, alors que pour d’autres, elle s’enlisa véritablement dans les sables où elle piétine toujours.

    Pour certains, la modernité ne fut jamais à court d’imagination, une idée poussant une autre plus lumineuse, si j’ose dire. Bien sûr, les contraintes n’étaient pas les mêmes, obligeant les hommes à imaginer mille stratagèmes pour se mettre à l’abri, se chauffer ou pour voir clair dans leurs demeures fermées au monde extérieur.

    Je ne suis pas ressorti tout à fait indemne de mes expériences passées.

    Moi aussi j’ai connu cette époque où la lampe à pétrole trônait en bonne place sur la table ou accrochée au plafond. Les bougies succédaient à la lampe collective et chacun vivait ainsi dans la discrétion, à la limite de la clarté et des ténèbres. Mais il en était ainsi pour le plus grand nombre, dans nos campagnes.

    Aujourd’hui, j’estime ces enfants bien courageux qui partagent leur temps entre l’école et les travaux familiaux alors que non loin d’eux, d’autres se prélassent dans le confort dont ils ignorent comment il est arrivé jusqu’à eux.

    Pour de nombreuses familles, il importe peu que l’enfant aille ou non à l’école. Elles se désolent seulement qu’un jour ou l’autre, il partira étudier dans une ville lointaine et qu’avec lui, ce sont des bras qui manqueront aux travaux.

    L’enfant, aux mains déjà marquées par le travail, à la chaleur et la lueur de la lampe, fatalement va apprendre qu’ailleurs il y a des centrales nucléaires contestées, que les écologistes s’opposent à la construction d’autres barrages hydroélectriques. Il va découvrir que des usines thermiques fonctionnent au gaz ou au fioul et que les énergies de demain s’appelleront soleil et sans nul doute Éole.

    Avec une pointe d’amertume, il réalisera alors que le développement durable sera le complice du futur, lui qui n’aura pas connu le précédent.

    Comme cela arrive trop souvent, il se peut qu’il découvre aussi à travers les pages de ses manuels que son pays produit ce précieux liquide qui rend les autres plus heureux. En échange, il reçoit quantité d’armes modernes, de voitures polluantes et autres produits dont la plupart sont parfaitement inutiles.

    Ah ! J’oubliais ; grâce à l’or noir, le pays peut s’équiper en lampes à pétrole de toutes couleurs et de toutes formes.

    Comme ce sont des gens généreux, pour éviter que l’industrie du Nord vienne à péricliter, les pays du Sud leur font la gentillesse d’acheter des tonnes de bougies qui éclairent les pages griffonnées, au long desquelles les enfants rêvent de la lumière des justes.

     

     

    Amazone Solitude


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