• Un amour éternel

     

    Un amour éternel Le soleil était haut dans le ciel lorsqu’ils arrivèrent au pied de la falaise dont ils auraient pu changer le nom, tant ce jour fut important pour le reste de leur vie. Elle aurait pu être leur, porter le nom d’un amour qui venait de naître telle une fleur, mais pas de celle qui se fane au soir d’une journée extraordinaire ! Non, celle-ci ne pouvait ressembler qu’aux immortelles !

    Ce jour-là, la mer avait décidé elle aussi de s’inviter à la fête, et pour les saluer ne fit aucune démonstration de force pour les intimider. Elle resta calme, soulignant d’une écume aussi fine qu’une dentelle que l’on eut dite économe, les rochers qui semblaient se tremper les pieds afin de les délasser. Le vent venant du large soufflait juste ce qu’il fallait pour que les rayons d’un soleil estival ne brûlent pas les peaux fragiles.

    — Je crois que la mer nous invite à la rejoindre, dit-elle ; tu me suis ?

    — Pardonne-moi, mais pour l’instant je préfère rester ici et surveiller que tout se passe bien pour toi et qu’aucune menace ne rôde dans les environs.

    — Dans cette mer, il n’y a pas de dangereux requins, tu sais ! Ce n’est pas comme dans celles que tu as connues et qui baignent les rivages d’autres continents.

    Elle conclut sa phrase par un merveilleux plongeon et pour la recevoir, la mer s’ouvrit galamment. Un instant elle disparut dans le frémissement de l’eau se refermant, comme pour effacer la cicatrice provoquée par ce corps, telle une lame finement aiguisée. Installé sur son promontoire, il la regardait nager dans une eau claire, complice en cet instant, pour ne pas lui cacher ce corps qui ondulait avec la vague.

    — Est-il possible que j’aime une sirène, se dit à voix basse le jeune homme, sans quitter des yeux, celle qui, il le devinait à cet instant, allait lui ravir le cœur pour des années, sans doute même toute la vie ?

    Quand elle sortit de l’eau, son corps ruisselait comme si la mer tout entière ne voulait plus la quitter, sinon à regret. Il descendit jusqu’à elle et lui prit délicatement la main qu’il porta à ses lèvres.

    — Aujourd’hui, est sans doute le plus beau jour de ma vie, lui confia-t-il, en la fixant droit dans les yeux, dans lesquels, malgré le soleil radieux, brillaient des milliers d’étoiles. Je viens enfin de découvrir que le bonheur avait un nom, qu’il pouvait surgir à tout instant, et de lieux aussi inattendus que celui de la mer.

    Pour m’être agréable et finir de me conquérir, il a un corps de rêve, un nom qui lui va à ravir et à cet instant je sais qu’en plus, il a un goût. Il est salé, dit-il en souriant. Sans brusquerie, maitrisant ses gestes pour cacher son émotion il l’attira contre lui. Il attendit que son corps se fût calmé pour lui dire :

     — Au diable si je me répète ; mais j’ai besoin de te dire à nouveau que je t’aime.

    Pour toute réponse, elle lui dit :

    — Pourquoi trembler ainsi, mon ami ?

    — Un peu honteux, il dit presque dans un murmure :

    — Je l’ignore ; sans doute mes amis laissés au village quelque part en Afrique qui me rappellent à leur souvenir. Ils procèdent au transfert de notre amour. Le mien te rejoint, tandis que le tien m’investit. Dans quelques secondes, ils vont réunir nos cœurs de sorte qu’ils ne fassent qu’un et nos âmes pour qu’elles ne s’égarent plus jamais.

    Moi qui aie tant douté, je sais que maintenant je ne serai plus jamais le même. À l’avenir, il ne suffira plus que je ne pense qu’à moi-même. Désormais, nous serons deux à partager la vie que nous allons mettre dans la merveilleuse corbeille de l’amour.

    Ils étaient là, serrés l’un contre l’autre, interrogeant du regard la falaise, qu’ils prirent pour témoin. Elle pourra crier au monde entier que c’était devant elle qu’ils avaient échangé leur premier baiser, et qu’ils avaient fait le serment de s’aimer toute la vie. La mer, attentive à ce qui se passait, avait arrêté son mouvement comme pour montrer son consentement aux promesses qui venaient de s’échanger. C’est alors qu’elle lui rendit son baiser avec autant de passion qu’il en avait mis dans le sien.

    Dans le ciel, les nuages formaient des visages qui s’enfuyaient vers le Sud. Il crut reconnaître l’un d’eux, son ami le marabout, qui souriait. Nul doute que ce soir autour du grand feu les tam-tams battraient sur un rythme effréné. La fête durerait jusqu’au matin comme à l’annonce de chaque bonne nouvelle.

    — Mon amour lui dit-il, c’est en ce jour que je viens de naître. Avant toi, je n’existais pas, je vivais dans un monde froid et silencieux. Tu as insufflé en moi une vie nouvelle, tu as ensoleillé mes jours, et je suis heureux que le bonheur porte ton nom. Je vais graver notre promesse sur ces rochers, car notre amour sera à leur image, indestructible et éternel.

     

    Amazone Solitude

     

     

     


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