• Un bonheur Simple

    Un bonheur Simple— S’il vous arrive de passer non loin de la forêt, n’hésitez pas à emprunter la piste en terre rouge. Elle vous conduira à la lisière et sans plus de manière, apercevant l’un ou l’autre des habitants, vous demanderez à être reçu.

    Mais sans doute n’aurez-vous pas à le demander, car chez nous, il se trouve toujours quelqu’un qui devine votre arrivée. C’est que dans chaque arbre habillant la forêt il y a un concierge qui lance son trille particulier pour annoncer qu’un voyageur marche vers le village et qu’il nous faut prévoir de quoi le rafraîchir et même le restaurer. Surtout, ne soyez pas surpris par la taille de nos demeures. Elles sont sobres, car elles nous ressemblent. Je vous rassure, la sobriété n’a rien à voir avec des moyens que vous qualifiez être financiers.

    N’allez pas non plus vous imaginez qu’elles sont ainsi parce que nous manquons d’ambition. En ce domaine, nous n’avons rien à envier aux autres peuples. Il y a longtemps que le mot ambition a disparu de notre vocabulaire. Sans doute vais-je vous décevoir, mais pour nous, vivre est déjà la plus belle récompense que l’existence a déposée le long de nos pistes poussiéreuses ou boueuses selon la saison. Voilà bien longtemps que nous avons compris que vivre pleinement la vie se présentant à nous est en soi une belle, même très belle ambition quand on a décidé de la mener à son terme.

    Vous le voyez, c’est un désir tout simple, mais je puis confirmer qu’il se suffit à lui-même, comme peut l’être n’importe laquelle des histoires qui laissent sur les visages un sourire, la dernière page à peine fermée. Vivre intensément, le jour, le mois puis l’année et toutes celles qui lui succèderont est pour nous comme une belle route sur laquelle nos pas ne se lasseraient jamais d’avancer, en soulevant derrière eux non pas de la poussière, mais la plénitude allant se nicher dans le cœur des hommes.

    En quelque sorte, c’est comme si nos poumons nous recommandaient de les remplir sans aucune modération, depuis notre plus tendre jeunesse jusqu’à notre belle vieillesse.

    Pour ajouter à notre bonheur, aucun artifice d’aucune sorte n’est requis. Un enfant avec son sourire et ses mots innocents comble notre joie. S’il doit avoir un ou plusieurs frères et sœurs, il nous suffit d’agrandir notre case, quand ce n’est pas une nouvelle que l’on construira.

    Elle ressemblera à la précédente. Elle sera simple comme notre bonheur et sans meuble particulier, car nous n’avons aucune richesse autre que la vie à cacher.

    Les vraies richesses sont en nous, réfugiées depuis toujours dans nos cœurs.

    Il n’est pas innocent que notre nid se situe à deux pas de la futaie, avec en contrebas, une rivière qui paresse. Ils sont notre garde-manger. La rivière élève le poisson qui accompagne la poignée de riz, tandis que la forêt nous offre le bois qui alimente le feu.

    Les palmiers sont nombreux à nous donner leurs fruits à huile, et les cocotiers nous font don de noix dont l’eau éloigne chaque jour le docteur.

    Nos volailles ne s’ennuient pas dans un poulailler ; elles vivent autour de nous, picorant de-ci de-là, en maintenant les insectes indésirables à bonne distance.

    Les grands bois nous procurent le gibier qui se transforme en fricassées, tandis que les fruitiers tout au long de l’année nous gavent de leurs fruits juteux et savoureux.

    Oui, notre cuisine est à l’extérieur ; nous estimons inutile d’enfumer notre proche environnement, sauf en cas d’invasion de moustiques ou autre insectes ailés et bourdonnants. Chez nous, les casseroles n’ont jamais le temps de s’impatienter le ventre vide. Ce n’est pas que nous soyons plus gourmands que les autres, mais nous savons que le bonheur parfois habite aussi les ventres.

    Chaque jour, le ciel nous dispense la lumière pour travailler et admirer les gens heureux, alors que la nuit nous prête sa douceur pour y déposer nos rêves.

    En dehors de l’amour qui nous accompagne et qui parfois déborde de nos cœurs, je ne vois pas ce qui pourrait bien ajouter à notre bonheur.

    Si, je le devine, ce sont vos regards et vos sourires, mais puisque vous êtes là, nous les acceptons et en échange nous vous offrons notre amitié que je vous charge de partager avec ceux que vous aimez.

     

     

     Amazone. Solitude 


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