• Une journée en forêt; suite 3

    A cette page de la narration, je crois utile de souligner qu’en notre forêt on ne pénètre pas avec dans l’esprit un soupçon de mépris. Il est parfaitement inutile de penser à la modernité des sentiers de randonnées parcourus à travers le monde, savamment entretenus et balisés, sur lesquels seule la marche est privilégiée, laissant à l’aventure un goût amer. Encore que le mot aventure doit être prononcé avec circonspection. À celui-ci, je lui préfère l’exploration, car l’Amazonie ne se laisse pas violer par les aventuriers de tous poils. Elle aime qu’on la respecte et n’hésite pas à conduire à sa perdition celui qui  n’honore pas ses règles. Combien d’hommes a-t-elle déjà avalés ? Nul ne le sait vraiment, mais ils sont nombreux, partis la fleur au fusil qui ne sont jamais revenus.

    Dès l’instant où nous nous enfonçons sous les grands arbres, on comprend mieux pourquoi l’animal que l’on nomma ensuite, homme, éprouva la nécessité de se lever. Le nez dans les fougères et toutes sortes de végétaux entremêlés, il ne voyait rien. (L’expression : ne pas voir plus loin que le bout du nez nous vient peut-être de cette époque ?)  Peu importe, là ne se trouve pas l’essentiel ; quoique… Nous ne devons pas oublier non plus que nous avons été pétris dans une autre culture et que l’on ne peut pas revêtir un autre habit du jour au lendemain.

     

    Trop souvent, certains ne s’aventurent en forêt que lourdement équipés de mille choses inutiles et pesantes. Ainsi, ai-je vu des gens abandonner au fil de la marche de nombreux objets ; mais souvent trop tard, le corps étant déjà meurtri par des blessures. Et chez nous, nous ne pouvons ignorer que nous vivons dans un environnement chaud et humide qui favorise le développement de toutes sortes d’infections. À ce sujet, contrairement aux Amérindiens qui connaissent les plantes médicinales, nous sommes obligés de nous munir d’une trousse de premiers soins. Les indigènes savent reconnaître les plantes qui calment la faim et les lianes qui renferment la meilleure eau pour étancher notre soif. Natifs de la forêt dont on pourrait penser qu’ils sont les fils naturels, ils perçoivent ce que nos yeux ont toutes les peines du monde à distinguer et la moindre nourriture a déjà disparu avant que nous l’ayons localisée. Voilà pourquoi mes amis on ne peut impunément négliger ces détails et bien d’autres dont je ne veux pas vous abreuver aujourd’hui. L’heure de partir sonne au carillon du temps, ne le faisons pas attendre… (À suivre)

    Une journée en forêt; suite 3


  • Commentaires

    1
    Samedi 27 Février 2016 à 11:09

      

    Bonjour René, je vois que l'expédition dans ta forêt est réservée à ceux qui sont courageux..

    Le ciel est très nuageux ce matin, il va pleuvoir, il fait 12°.. bonne journée, bons baisers

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :