• Une journée en forêt suite 4

    — Après une dernière vérification, les sacs rejoignent les dos, sangles suspendues aux épaules. Les chiens demandent poliment à se joindre à l’expédition, mais les maîtres leur expliquent qu’il ne serait pas raisonnable d’aller tenter quelques ventres creux. Pour une fois, ce sont les animaux qui deviennent les propriétaires des lieux et ils reçoivent une avance sur les friandises qui semble les satisfaire. Aux ceinturons sont accrochés couteaux, gourdes et topofil (instrument servant à mesurer la distance parcourue à l’aide d’un fil qui fait défiler les chiffres du compteur). Le coupe-coupe dans une main, la boussole dans l’autre, l’équipe se met en route.

    Les premiers cinq cents mètres sont vite avalés, puisqu’ils ne sont que prairies et vergers. Il n’en va pas de même lorsque nous arrivons sur les berges de la rivière. Les dernières averses tropicales l’ont gonflée et sa traversée devient aléatoire.

    — J’espère que je ne vais pas me retrouver au bouillon, lance l’épouse !

    — Ne t’inquiète pas ! la rassura-t-il en escaladant le tronc d’un beau wappa couché en travers des flots ; je passe en premier et je vais tendre une corde qui servira de guide. Nous la récupèrerons au retour. Aussi tôt dit aussi tôt fait. La belle peut à son tour traverser à pieds secs. Le répit est de courte durée. Devant eux se dresse la première colline, de celles appelées « montagnes » en notre beau pays, à cette différence qu’elles ne caressent pas les nuages. Leur modestie les maintient à quelques centaines de mètres seulement. (La plus élevée du pays n’atteint pas les 900 m.)  Mais ces derniers sont particulièrement raides. Qu’importe, ils voulaient de l’aventure ? Ils sont servis. Néanmoins, la pente est gravie et c’est essoufflé qu’ils prennent un premier repos au sommet, qui en fait n’en est pas un, puisqu’un vaste plateau s’offre à leur vue. Est-il nécessaire que je précise que bien que le soleil brille au-dessus de nous, ses rayons ne touchent pas le sol ? La végétation est dense, les sabres ne chôment pas et à chaque instant, il faut vérifier que le fil déroulé ne se casse pas.

    Quelque part dans la haute sylve, les perroquets tiennent conseil. Ils soumettent au nombre de voix vers quels sites de nourrissages ils vont se diriger pour la journée. Dérangés dans leur scrutin ils nous font savoir leur mécontentement. Une bande de singes saïmiris étonnés de nous voir en ces lieux peu fréquentés par l’homme, stoppent leur progression, alors qu’un agouti, le fameux lièvre d’Amérique décampe à quelques pas devant les explorateurs, dressant ses poils roux sur le dos. Nous avons beau lui crier que nous n’avons pas de fusil, il semble ne pas nous croire et poursuit sa course.

     

    Les promeneurs sont émerveillés par la taille des arbres qui se dressent partout autour d’eux. Ils comprennent vite que cette débauche de bois est due à la situation moins humide que dans les bas fonds. La progression sur le plateau est aisée, malgré les fougères, les herbes coupantes et autres palmiers, dont les feuilles sont garnies d’épines. Souvent, les pieds se prennent dans les lianes tendues entre les troncs. Qu’importe, le piégé se relève sans tarder, car il n’y a pas de raison de faire plaisir aux fourmis qui abondent en de tels lieux. Elles sont petites, mais plus redoutables que tous les autres carnassiers réunis !... (À suivre)


  • Commentaires

    1
    marie
    Dimanche 28 Février 2016 à 14:39

    bonjour joreg content de te retrouver enfin

    2
    Phil-de Fer de G
    Dimanche 28 Février 2016 à 14:57

    Bonjour les amis de la forêt. Je me souviens d'avoir traversé cette rivière sur un tronc comme celui-ci. Ce fut une belle journée. A plus, pour nous, c'est journée en famille. Amitié de nous tous. Phil de Fer

    3
    Lundi 29 Février 2016 à 11:15

      

    Bonjour René, quelle parcours que cette randonnée à travers cette forêt.. et cette traversée de la rivière sur un tronc d'arbre (jolie photo)... Bon lundi, bons baisers

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