• UNE VIE À T’AIMER

    – Ma belle fleur, depuis que nos destins se sont croisés, en moi, quelque chose à changer, à ce point, que je ne me reconnais plus. Vous êtes si proche, que rien de ce qui se passe en vous n’échappe à mes émotions. Qui êtes-vous donc, gentille et délicieuse dame au pouvoir immense, puisqu’il emprisonne mon être sans que celui-ci puisse lui opposer de résistance ?

    – Charmeur, voilà que je me suis laissé séduire par un magicien, alors qu’hier encore, j’ignorais tout de ce sentiment dont on dit que parfois il est un ensorceleur. C’est vrai, que mon corps semble rentrer en transe, car je ne suis plus en mesure de le contrôler. Êtes-vous certain que nous n’avons pas fait un bond dans l’univers, tandis que nous avions les yeux fermés ? Cependant, je dois vous dire que la transformation qui se fait en moi n’est pas pour me déplaire.

    – Mon amie, pourquoi vous le cachez plus longtemps ? Moi-même, je ne suis plus sur Terre ; je suis dans un état second, et je comprends maintenant ce que ressent l’oiseau, lorsqu’il se laisse glisser sur l’air, sans donner le moindre coup d’aile.

    – Encore que lui, mon cher, conserve les yeux ouverts, car lorsqu’il adopte cette posture, c’est qu’il est à la recherche d’une prochaine proie.

    – Sans doute avez-vous raison, ma douce, et belle aimée. Je suis comme lui, car à l’instant où je vous trouve, vous ressemblez à la malheureuse qu’il convoite depuis son poste d’observation.

    – À la différence que vous ne me dévorerez qu’avec votre regard, et que je fus une victime facile, puisque consentante. Vous en connaissez beaucoup, de gibiers, qui se réfugient dans les serres des vautours ?

    – Ma chérie, bien sûr que je n’ai jamais vu un mulot ou tout autre animal appeler son bourreau, puisqu’en chacun des êtres vivants, l’instinct de survie est plus fort que tout. J’ai une proposition à vous faire.

    – Je vous en prie, mon ami ; dépêchez-vous avant que je ne succombe à votre charme pour l’éternité.

    – Entre nous, demeure une barrière. Il me paraît indispensable que nous la brisions, si nous désirons que nous scellions notre union sur l’autel de l’amour.

    – Dites-moi vite de quoi il s’agit. Je vous sens soudain si fébrile !

    – Ne vous effrayez pas ; il ne s’agit que d’abandonner le voussoiement pour le tutoiement plus approprié à notre situation. Il me semble que notre relation s’en trouvera grandie, et surtout rassurée.

    – Vous avez raison, mon ami. Pourquoi ne commencerions-nous pas à tisser les liens qui garantiront nos sentiments, comme s’ils cherchaient les déposer dans un coffre spécial, celui de nos cœurs, à l’abri des regards et des convoitises.

    – Vous avez déjà oublié notre nouvelle convention ?

    – Je vous retourne la question, mon cher.

    – Dis-moi, merveilleuse élue de mes désirs, ce mot ne sonne-t-il pas comme une belle musique à votre oreille, plutôt que le vous plein de fierté emprunté aux bourgeois et qui plus est reste à jamais hautain ?

    – Il y chante même, si tu veux savoir ! Et moi, je n’ai pas associé l’un et l’autre comme tu le fis au cours d’une phrase.

    – Merci, bel ange. Puis-je poser le baiser qui sera la signature de notre contrat ?

    – Avec plaisir, mon double pour la vie

    – Je viens donc m’abreuver à tes lèvres comme je le ferais à la fontaine d’une eau claire et fraîche, car tes paroles, ma chérie, sont le miel de ton cœur qui inlassablement déverse le nectar butiné à la fleur de ton âme.

    – Oh ! Mon si doux amour ; voilà que je découvre en toi un merveilleux poète ! Qu’ai-je fait au ciel pour mériter tout ce bonheur, moi qui me désolais de rencontrer le prince charmant que tous les romans pour jeunes filles décrivent à longueur de pages, et qui va, caracolant d’une ligne à une autre, sans jamais perdre son sourire ? Appartiens-tu à la caste des seigneurs ?

    – Non, ma chérie ; je ne suis qu’un homme ordinaire, de ceux qui savent ce qu’aimer veut dire. Je puis bien te l’avouer à mon tour. Jusqu’à ce matin extraordinaire, qui mit tout en œuvre pour que nos destins se croisent, je ne connaissais rien de ce sentiment que nous évoquons à chaque mot. La félicité, je la voyais toujours marcher suspendue aux bras des gens, s’enfermer aux creux de leurs mains, tandis que la mienne cherchait encore sa compagne. J’étais persuadé que jamais je ne serais choisi pour être heureux, moi, né d’une imposture de l’existence et qu’elle me le ferait payer toute la mienne. Et puis, tu es arrivée, alors que je désespérais. Mais voilà que je suis obligé de reprendre le voussoiement, car l’instant est solennel. Je dois te demander si tu veux bien rester auprès de moi aussi longtemps que l’exigera le chemin par lequel nous irons.

    – Mon amour, dois-je comprendre toute notre vie ? Bien sûr que je le désire. Embrasse-moi encore, avant que je ne m’évanouisse, car à mon réveil, je devine que je serai dans un autre monde.

    Amazone. Solitude. Copyright 00061340-1

     


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